Les émeutes urbaines qu’a subi la France en ce début de mois de juillet ont de quoi interpeler tout particulièrement le Club des Vigilants. Ceux qui ont détruit, saccagé, attaqué étaient dans une large mesure ces « immigrés pour toujours », jeunes Français descendants de migrants en faveur desquels un groupe de travail du club (https://www.clubdesvigilants.com/groupe-de-travail/immigres-toujours) avait proposé sept actions.
Sans trop se tromper on peut imaginer qu’un trop grand nombre d’entre eux sont toujours aussi mal intégrés, ingérables par des familles dont l’autorité a du mal à s’exercer, victimes de discriminations multiples et remâchant plus ou moins consciemment une histoire coloniale dont la France n’a jamais fini de faire le tour (voir à ce propos l’intéressante matinale du Club avec Pascal Blanchard https://www.clubdesvigilants.com/alerte/pascal-blanchard-lhistoire-la-colonisation-francaise-mal-digeree-pese-sur-notre-societe).
Il ne s’agit pas d’excuser mais de ne pas se tromper sur ce qu’il convient de faire pour éviter la répétition d’une telle catastrophe. Certes il faut punir et il faut que la loi ait le dernier mot. Mais après ils seront toujours là, avec leurs problèmes. Il n’est pas question de renvoyer ces jeunes Français dans le pays d’origine de leurs parents ou grands-parents. Les lois de la démographie font même qu’ils seront plus nombreux.
Qu’est-ce que la France a fait au cours des dernières années pour intégrer cette population qui devrait être une richesse pour elle ? Pas grand-chose. À commencer par le Club des Vigilants qui, une fois passé le stade de la réflexion, n’a pas été capable de faire avancer concrètement certaines de ses intéressantes propositions.
L’État ? L’actuel président de la République avait eu des mots justes pour analyser la situation. Il a fait un ou deux grands discours percutants sur le sujet. Il avait même parlé de faire le point régulièrement en sa présence. Mais, en dehors des voyages à Marseille, où l’État a investi de l’argent public, et du dédoublement des petites classes dans les zones sensibles, pas grand-chose n’a suivi. Or, même s’il y a dans ces quartiers des équipements publics à brûler, il faut rappeler que l’État y dépense nettement moins d’argent public que sur le reste du territoire[i].
Les entreprises ? Il serait bon de refaire un bilan de la discrimination à l’embauche mais aussi des actions positives. Mettre en valeur celles qui agissent serait aussi stimulant que de dénoncer celles qui ne luttent pas contre les penchants naturels à la discrimination (proposition n° 5 du Club). Au passage il serait intéressant de voir ce que deviennent ces quelques élèves méritants des quartiers que des grandes écoles, Sciences Po en tête, s’efforcent d’intégrer en plus grand nombre depuis quelques années.
La société ? Quelques signaux faibles nouveaux et intéressants mériteront analyse. Qui étaient ces jeunes hommes cagoulés qui arrêtaient d’autres cagoulés et les remettaient à la police certains soirs à Lorient ? Pourquoi s’est-il trouvé dans un quartier de Metz et pas ailleurs des mères de familles pour avoir le courage d’aller protéger l’école de leurs enfants? Rappelons le rôle essentiel des associations pour faire avancer ces quartiers. Le Club proposait de primer les plus méritantes pour les mettre en lumière (proposition n°2). En attendant s’il y a une action à fort effet de levier sur laquelle l’État peut mettre de l’argent c’est bien celle-là : s’assurer que les associations les plus utiles reçoivent tous les moyens nécessaires. Le tri est certainement délicat et mérite lui aussi qu’on lui consacre des moyens.
[i] Dans un entretien au Monde, en avril 2018, au moment de la remise de son célèbre rapport sur les quartiers, Jean-Louis Borloo appelait les responsables publics et privés à s’engager avec force, estimant que « moins on en a fait en matière de politique de la ville, plus on a annoncé de dispositifs, de chiffres et de politiques prioritaires. On a remplacé les moyens publics par les annonces publiques. Résultat, dans les quartiers, il y a moins de services publics, moins de crèches, moins d’équipements sportifs, moins de capacités financières des communes (30 % de moins), moins d’accès à la culture, moins de policiers, des professeurs et des agents de police plus jeunes, qui coûtent donc moins cher… C’est un scandale absolu. »
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