Je vous suggère, quarante ans après, une relecture du livre de Jean-François Revel : « Comment les démocraties finissent » (Grasset,1983). Plus généralement, ces relectures de livres jalons sur des thèmes d’actualité peuvent être un exercice salutaire.
L’auteur mettait en lumière les principales menaces qui pèsent sur les régimes démocratiques
Revel souligne que le populisme peut jouer un rôle majeur dans la fin des démocraties en exploitant les frustrations et les peurs populaires pour parvenir au pouvoir. Il met en garde contre les leaders populistes qui utilisent des discours simplistes et des promesses irréalistes pour gagner le soutien du peuple, sans proposer de véritables solutions aux problèmes de société.
L'auteur relève également l'importance de l'éducation politique dans le maintien d'une démocratie saine. Il critique l'ignorance politique qui permet aux manipulateurs et aux charlatans de prospérer, soulignant que les électeurs doivent être informés et conscients des enjeux politiques afin de prendre des décisions éclairées.
Il dénonce aussi les manipulations médiatiques qui peuvent altérer la vérité et influencer l'opinion publique et met en garde contre la concentration des médias entre les mains de quelques puissants, qui peuvent orienter l'information et manipuler les électeurs.
En conclusion, dans le dernier chapitre de son livre, intitulé "Ni guerre ni servitude", Jean-François Revel souligne la nécessité pour les démocraties de rester vigilantes face aux menaces qui pèsent sur leurs libertés. Il met en garde contre le risque de tomber dans des régimes autoritaires ou totalitaires, rappelant que l'histoire a montré que les démocraties pouvaient rapidement basculer dans la dictature en cas de complaisance ou de négligence.
Pour lui il est essentiel pour les citoyens de rester éveillés et engagés pour protéger leurs libertés et leur démocratie.
Quelles conclusions peut-on en tirer aujourd’hui ?
Selon moi trois points du contexte géopolitique sont essentiels à souligner : les règles de l’Union européenne obligent les pays membres à en appliquer les principes démocratiques : l’Union a démontré sa capacité à relever les défis géopolitiques nouveaux pour protéger les pays européens qui en sont membres ; l’OTAN reste nécessaire comme seule possibilité de défense européenne pour éviter guerre ou assujettissement à toute dictature impérialiste.
1. Les règles de l’UE défendent la démocratie.
Comme le titre du livre ne contient contenait pas de point d’interrogation il est réaliste de penser que la survie des démocraties en Europe était très exposée dans l’esprit de Jean-François Revel.
Les faits constatés depuis quarante ans nous encouragent à un peu plus d’optimiste : grâce aux adhésions, le nombre de démocraties de l’Union européenne est passé de 15 en 1983 à 27 en 2024 (après le départ de la Grande Bretagne). Même si des vagues populistes ont porté et porteront au pouvoir des mouvements issus des extrêmes, les règles de l’Union s’imposent et s’imposeront à tous avec au final, des alignements de tous les pays membres quand les périls sont aux portes de l’Europe.
2. L’Union européenne a la capacité à relever les défis.
L’Union européenne a déjà résisté à une crise financière majeure en 2010 (crise de la dette grecque et de l’euro), a contribué à affronter une crise sanitaire très grave à partir de 2020 (COVID) et répond de manière unie au défi de l’agression russe contre l’Ukraine depuis 2022.
D’autres défis, qui ne sont pas suffisamment affrontés apparaissent néanmoins comme des menaces non maitrisées qui font le terreau des populistes :
- une réduction de l'immigration et des politiques plus restrictives en matière d'asile, de répartition, de protection, de circulation ou d’expulsion ;
- une remise en question par l'Union européenne des politiques qui empêchent de renforcer les souverainetés nationales de ses membres en matière d’importations alimentaires, innovation technologique, production énergétique (régulation douanière, doctrines sécuritaire et normative).
Ce sont de vastes chantiers qui s’imposent et feront bouger les lignes technocratiques de l’Union sous les pressions des peuples qui la composent.
Les évènements récents tels que le COVID, la guerre en Ukraine, les tensions migratoires, la conscience croissante des risques concrets dus au réchauffement climatique sont finalement des opportunités, au-delà des tragédies humaines, pour renforcer les capacités de souveraineté de l’Union et donc celles des membres qui la composent et montrer au monde que la démocratie telle qu’elle existe en Europe est le seul modèle résilient.
3. L’Europe a encore besoin de l’OTAN
L’Europe est sans doute le seul modèle de puissance économique qui ne soit pas impérialiste du fait de son ADN, qui n’est ni idéologique ni guerrier. Mais pour échapper à la servitude et préserver son modèle démocratique, l’Europe doit devenir une force militaire. Je pense que les prochaines élections européennes doivent poser le choix de l’OTAN comme fondation de la défense européenne afin de faire face à toute menace de guerre conventionnelle.
Pour cela, il faudrait :
- une contribution financière d’au moins 2% des PIB des États membres à leur défense ;
- la création d’une réserve européenne qui s’appuie sur des réserves nationales ;
- la création de capacités de production de munitions et matériels ;
- la définition d’une doctrine de dissuasion par mutualisation des forces nucléaires existantes.
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L'œil de l'autre est
L'œil de l'autre est nécessaire pour une pensée plus juste.
Les Lumières sont plus fortes ensembles face aux aveuglements populistes.
Toujours distraire l'ennemi de ses buts réels.
Si tu veux la paix prépare la guerre.
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