Le paysage géopolitique mondial subit de profonds bouleversements.
Pour démêler l'écheveau des urgences et des choix stratégiques possibles pour que la France puisse ENCORE jouer un rôle sur une scène internationale dont la guerre en Ukraine accroît la complexité et les tensions, le Club des vigilants a invité Michel Duclos, diplomate, ancien ambassadeur de France en Syrie et en Suisse à venir débattre autour de ses grandes propositions de refondation de la politique étrangère française.
Michel Duclos a publié en juin dernier pour l'Institut Montaigne (dont il est conseiller spécial Géopolitique) une note analysant les conséquences de la guerre en Ukraine sur la future politique étrangère de la France où il insiste sur la nécessité de repenser la souveraineté européenne face à la menace russe et de redéfinir aussi sa stratégie vis-à-vis d'un « Sud global » qui s'autonomise toujours plus.
Avec son ‘’coup d’œil d’homme d’État’’ (c’est ainsi qu’il qualifie ce qu’on « attend des plus hauts diplomates » dans son livre La France dans le bouleversement du monde, publié en 2021 aux Editions de l’Observatoire), Michel Duclos porte un regard critique sur les doctrines de la politique étrangère de la France héritées du passé qui ne correspondent plus aux réalités actuelles.
La guerre en Ukraine a des impacts sur la sécurité européenne :
- la tragique aventure militaire russe risque de développer un sentiment national de frustration et d’agressivité et une ère de confrontation durable avec l’Occident est prévisible ;
la France, par son tropisme de dialogue avec la Russie et sa position vis-à-vis de l’OTAN et du modèle anglo-saxon atlantiste n’a pas pesé autant dans le jeu diplomatique que la Pologne et la Grande Bretagne ; - l’Europe a été au rendez-vous de l’histoire en soutenant l’Ukraine et en assumant son rôle géopolitique : elle doit désormais rééquilibrer la relation transatlantique, en particulier dans ses contributions militaires à l’OTAN dont le volet militaire repose sur l’aide apporté par les Etats-Unis (observations satellitaires, couverture par les drones et cyber-renseignement) ;
- les Etats-Unis ont soutenu la sécurité européenne mais la Chine reste la menace pour les intérêts américains dans la région Indopacifique.
Avec les pays du Sud, « … la grille d’analyse autoritarismes contre démocraties, justifiée face aux opinions occidentales, n’apporte pas une proposition efficace de dialogue ».
La préoccupation fondamentale des pays du Sud est de ne pas subir les conséquences du conflit.
- Les maladresses occidentales, comme le communiqué du sommet de l’OTAN de 2008 (le sommet avait fermé la porte à l’Ukraine, le communiqué la laisse espérer), la gestion inéquitable du COVID, la guerre en Irak et en Syrie ont gâché le capital de confiance de l’Occident
- L’Occident est perçu comme ayant aggravé la fracture Nord-Sud et le président Poutine a réussi à se positionner au Sud en renforçant la méfiance, voire la rancœur, des pays du Sud dont les modèles politique, socio-économique et démographique s’éloignent de ceux de l’Europe.
En conclusion, le réalisme stratégique de la France doit passer par un nouvel équilibre : rester un acteur politico-militaire fidèle à ses principes d’universalisme et multilatéralisme tout en développant une nouvelle influence dans les pays du Sud, qui passe nécessairement par le resserrement de la solidarité européenne dans les champs de la géoéconomie.
Vous pourrez retrouver les réponses de Michel Duclos aux questions posées par les participants dans la vidéo ci-dessous, publiée sur notre chaîne YouTube.
….
Ajouter un commentaire