Parmi le florilège des productions saluant les cent ans du sociologue Edgard Morin, saluons le remarquable documentaire diffusé sur la chaine Arte, Edgar Morin, Journal d’une vie.

Il décrit notamment l’intuition d’Edgar Morin, résumée par la formule de la pensée complexe, qu’on ne comprend la complexité du monde qu’en combinant les approches et en mélangeant les expériences, les expertises, les disciplines scientifiques.
Il montre un patriarche très tonique, qui se laisse pourtant aller à un instant d'amertume : il a été fêté par les politiques, mais ni compris, ni utilisé. L’auteur, Jean-Michel Djian, s’amuse à intercaler quelques secondes où Jean-Pierre Raffarin, sortant d’un palais de la république, explique avec gourmandise qu’il est en train de « relire La Méthode d’Edgar Morin » : une somme de 2000 pages en 6 volumes dont même Wikipédia ne détaille que 2…

Clairement, une pensée simple peut difficilement nous aider à comprendre un monde complexe. Mais une pensée complexe peut difficilement être partagée entre tous. Alors, comment faire société dans un monde de plus en plus complexe ?

 Peut-être peut-on s’approcher d’une solution en parlant de pensée collective, pour désigner une pensée collaborative qui est celle d’une intelligence collective, aux antipodes du prêt à porter collectiviste. Cette pensée est capable de constructions terriblement complexes, mais a besoin pour prospérer de s’appuyer sur des idées simples, partageables et critiquables par tous, et articulées entre elles : un peu comme les composants de base de l’ADN peuvent se réorganiser entre eux pour créer n’importe quelle solution vivante.

 Notre envie de fonctionner en intelligence collective se retrouve partout, de façon plus ou moins convaincante : dans un parlement, un plateau télé, un forum, un hackathon…  C’est aussi le cœur de la mission d’un club comme le Club des Vigilants. Mais on sent bien qu’on oscille entre deux écueils : mimer l’affrontement de deux lobes, plutôt que la collaboration d’une intelligence partagée ; ou se limiter à un petit sous-ensemble de la collectivité. Internet rend une solution géante possible, mais nous en éloigne souvent en créant des bulles.

Une expérience internet innovante de pensée collective va démarrer, avec R! : la première plateforme internet dédiée à l’intérêt collectif. Ce projet, auquel participe le Club des Vigilants depuis la première heure, vise à animer une pensée collective autour de l’intérêt collectif et de la question d’une France et d’une planète meilleures à vivre pour tous. Rendez-vous à la rentrée !