Au moins 10 vidéos. Depuis le début du mois de juin 2013, les différents groupes insurgés contre le régime de Bachar al Assad ont diffusé sur internet de nombreuses vidéos montrant leur utilisation victorieuse de missiles sol-sol contre les chars de bataille ou les véhicules de transport de troupes des forces syriennes régulières.
Si l'on en croit certaines sources citées par l'agence Reuters les missiles utilisés auraient été fournis par l'Arabie Saoudite. Curiosité : alors que Vladimir Poutine soutient fermement le régime en place à Damas, ces missiles sont d'origine russe, ils équipaient les forces soviétiques au cours des années 1970.
Ces vidéos ont commencé à être diffusées au moment où le président Obama annonçait sa décision d'armer les rebelles syriens à la suite de l'utilisation de gaz sarin par les forces de Bachar al Assad. En fait, les fournitures d'armes annoncées par le président américain sont limitées en qualité sinon en quantité. En particulier aucun missile sol-air léger (Manpad) ne sera livré ; les Américains n'ont pas oublié que les missiles Stinger qu'ils avaient livrés en grand nombre à la résistance afghane du temps de l'occupation soviétique se sont retrouvés ensuite aux mains d'organisations terroristes … qui d'ailleurs n'en ont pas fait grand chose. En outre la zone d'exclusion aérienne tant souhaitée par les rebelles syriens ne sera pas mise en place. Barack Obama n'a pas clairement dit pourquoi il ne retenait pas cette solution, mais il apparaît qu'elle serait très difficile à organiser sur un territoire aussi petit où toute zone d'exclusion serait à proximité des missiles sol-air des autorités de Damas.
Au total, on voit que les rebelles armés par les États arabes sunnites et les Américains vont pouvoir résister plus facilement aux forces terrestres de l'armée syrienne officielle mais les insurgés vont continuer à rester impuissants face aux avions et aux hélicoptères du régime en place. Un nouvel équilibre est en train de s'établir : l'armée officielle est renforcée par le Hezbollah mais les rebelles sont de mieux en mieux armés pour résister aux attaques terrestres. Si des accords politiques n'interviennent pas rapidement, cet équilibre peut malheureusement signifier prolongation de la guerre. Les civils syriens n'ont pas fini de souffrir. Dans ces conditions il devient de plus en plus difficile de comprendre pourquoi ni les Occidentaux, ni les États arabes proches des rebelles ne se décident pas à neutraliser les aérodromes de Bachar al Assad. Quelques missiles comme le Scalp pourraient faire le travail sans que la vie d'un seul pilote soit mise en jeu.
Lire aussi : Syrie : Bombarder les bombardiers
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Thinkerview - Interview d'Alain Chouet (Ancien chef de service à la D.G.S.E.)
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Les médias, les experts auto-proclamés parlent beaucoup de la Syrie en ce moment. Nous avons souhaité avoir l'avis de quelqu'un qui comprend mieux la situation, quelqu'un de terrain, de plus crédible que des journalistes qui répètent sans vérifier ce que l'AFP, l'AP et Reuters leurs transmettent.
Alain Chouet est l'ancien chef du service de renseignement de sécurité de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) en 2000-2002.
ITW réalisée le 22 avril 2013.
http://www.youtube.com/watch?v=0PbXQ97FTHc
Sky
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