Les Berlinois ont découvert que la délinquance juvénile en réunion a augmenté dans la capitale allemande de plus de 5% en 2006. Plus grave, le recours à des armes a fait un bond de 31%. De leur côté, les Britanniques savent qu'une bonne partie des terroristes impliqués dans les attentats de Londres sont de jeunes citoyens anglais nés en Grande Bretagne mais issus de l'immigration. Et la récente explosion de violence à la gare du nord à Paris rappelle aux Français les émeutes de 2005.
Les politiques de l'immigration en Allemagne, en Angleterre et en France sont inspirées par des paradigmes différents et conduisent à des actions et à des styles juridiques ou policiers parfois opposés. Ici, on encourage le communautarisme, là l'intégration. Ici, on identifie les ethnies, là on interdit de les inclure dans les statistiques. Ici on pratique le droit du sang et là celui du sol. Mais, dans les trois pays, l'échec est patent.
Il semble, dans ces conditions, qu'il faudrait tout reprendre à la base et concevoir une analyse :
- qui serait plurinationale, européenne : repousser la tentation de chaque pays à ne regarder que son cas ; tirer parti des succès et des échecs de chacun des pays européens confrontés à l'immigration.
- qui tenterait de comprendre les microprocessus interpersonnels, sociétaux et économiques qui conduisent à la révolte et au passage à l'acte,
- qui ne limiterait pas son champ d'investigation aux jeunes issus de l'immigration car, en dehors même des « ghettos », nous sommes peut-être en train de fabriquer une jeunesse en révolte contre le système dominant.
Commentaires
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@ Alain de Vulpian : Je pense que la 3ème option est probablement la bonne.
Ce n'est pas parce que les origines immigrées sont surreprésentées chez les jeunes sans emploi que ce facteur est le plus explicatif. Il résulte d'abord d'un déficit de formation/adaptation plus important
En revanche, cela crée un effet pervers de "classe". L'absence d'autonomie financière chez des jeunes, notamment
masculins, plus versés culturellement dans le machisme crée une frustration d'autant plus importante que les visions du futur ne sont guère porteuses. La violence est ainsi le seul recours à l'expression d'une vitalité (cf Vitalité "de
combat") qui peine à se dissoudre dans d'autres conduites réputées plus
"constructives".
Le fait que les medias leur renvoient cette "identité" renforce ce
phénomène d'appartenance (cf Hegel sur la question juive). Et toute politique d'intégration bute ainsi sur des critères économiques renforcés par des effets socioculturels.
Sans révision de la pensée économique dominante, je crains pour ma part que le politique ne soit clairement impuissant !!!
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