Des foules de protestataires pacifiques ont envahi les rues et les places de plusieurs villes. Ils ont repris le terme français « indignez-vous ! » et l’injonction aux dirigeants arabes, « dégagez ! ».

Les pancartes parlent d’elles-mêmes :« Vous ne nous représentez pas », « Nous ne sommes pas contre le système, le système est contre nous », « L’alternance n’est pas la démocratie », « La violence c’est gagner 600 euros par mois », « Nous ne sommes pas une marchandise ». Et les jeunes ont pris pour hymne une chanson de Joan Baez, No nos moveran.

Quelques bonnes formes des mouvements arabes se retrouvent en Europe. Internet, réseaux sociaux, téléphones mobiles. Pas de leaders. Pas de forces politiques organisées. Des chômeurs. Des jeunes (souvent diplômés-chômeurs) que rejoignent des vieux, des femmes, des enfants. Foules pacifiques. Campements. Perte d’espoir. Dignité. Rejet des dirigeants, des profiteurs, des corrompus, de la collusion des élites politiques et économiques.

Les indignés, à la différence des jeunes arabes, ne vont pas faire tout de suite la révolution. Mais leur mouvement est le signe avant-coureur d’une révolution qui pourrait venir. Si nos gouvernements et nos entreprises ne sont pas capables de concevoir et d’appliquer rapidement des stratégies de développement durable qui donnent à l’Europe une juste place dans la mondialisation nous allons entrer dans une phase de troubles sociaux et de mise en accusation des pouvoirs en place et de la mondialisation. Ces troubles pourraient faire bifurquer l’Histoire vers des avenirs très sombres.