Un sauvetage réciproque de face est encore possible mais il ne faut pas se leurrer : toutes les observations en provenance de Russie concordent : les Russes, dans leur immense majorité, approuvent l'action menée par Poutine en Crimée. Elle a un goût de revanche après la chute de l'Union soviétique et les déconvenues de la Guerre Froide.
Cela ne vient pas du cerveau mais des tripes. Il n'est pas une famille russe qui ne pleure quelques morts pendant la guerre contre l'Allemagne nazie. En 1945, la récompense était venue : les Popov étaient entrés à Berlin; la victoire était au rendez-vous.
Mais quelle victoire ? Les États-Unis, qui étaient des alliés, sont devenus des ennemis et ont remporté la seconde manche. Depuis, ce ne sont plus les Allemands qui font figure d'ennemis mais les Américains. Il fallait se venger. Et, comme l'Ukraine est près de la Russie, que le nouveau régime ukrainien est trop faible pour défendre ses institutions et que la Crimée est presque au trois quart peuplée de Russes, l'occasion était bonne pour montrer sa force en toute bonne conscience.
Il faudra du temps pour que des sanctions économiques fassent que la raison l'emporte sur la fierté. Et encore, … n'est-ce pas sûr. Les Russes peuvent pousser aux troubles dans l’est de l’Ukraine et ainsi se donner un prétexte pour aller au-delà de la Crimée.
Poutine en aurait moins envie si ses concitoyens le freinaient au lieu de l’applaudir. Comme cela aurait pu être le cas si les Etats-Unis, après leur "victoire" dans la guerre froide avaient été aussi compréhensifs avec les Russes qu’ils l’ont été avec les Allemands après la deuxième guerre mondiale.
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La crise de l'Ukraine est un test pour l'OSCE et pour l'avenir à long terme du continent Europe. Et c'est d'abord un sujet pour tous les Européens (au sens géographique). L'Europe géographique c'est l'UE + la CEI (Russie + ses partenaires).
Les clivages ethniques, religieux et linguistiques ont généré des guerres innombrables et effroyables jusqu'à la plus grande guerre de l'Histoire en 39-45. Et les Etats européens ont alors convenu dans leur grande majorité que "ça suffisait". Une certaine sagesse étatique règne depuis 1945 en Europe.
Les motifs d'affrontement n'ont pas pour autant disparu : ethniques, religieux, linguistiques. Et il faut bien constater que les frontières, quelle que soit la sophistication de leur tracé, ne permettent pas de supprimer ces motifs d'affrontement. La Crimée en est le nième exemple.
Il faut donc trouver d'autres moyens de traiter ces affrontements que par des rectifications de frontière. La solution, c'est la négociation et la coopération. C'est ce qui est en train de se passer avec la crise ukrainienne. Personne ne croit sérieusement à un conflit armé. Les diplomates sont à la manœuvre, sur fond d'intérêts économiques bien compris et pas forcément antagonistes. Nos diplomates seront-ils à la hauteur ?
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