Europe : la morale grâce aux normes

EuropeCi-après le deuxième volet de la série consacrée à "l'exceptionnalisme". L'Europe a inoculé au monde l'amour de la technique. Elle a, comme écrit Bernard Esambert, « pris la route des choses en oubliant celles de l'esprit ». Première à avoir fait du progrès matériel son idole, elle est aussi la première à en avoir éprouvé les désillusions.

La boucherie 14-18 et sa prolongation 39-45, avec, en épilogue, les chambre à gaz où la technique a été mise au service de crimes effectués à la chaîne, ont conduit nos vieux pays à une première étape de rédemption : l'Europe d'aujourd'hui est profondément pacifiste ; la probabilité d'une guerre intestine y est pratiquement nulle. Rien n'est, cependant, acquis puisqu'il reste à approfondir les convergences et à exporter, à travers le monde, ce qu'Alain de Vulpian appelle « de nouveaux mythes porteurs d'un renouveau spirituel ».

Chaque jour, des Européens prennent des initiatives conformes à leurs aspirations. De tous côtés, on sent que cela bouge. Ce qu'on adorait devient sujet d'opprobre, des nouvelles valeurs surgissent. Des valeurs liées au respect de la vie et à une économie plus humaine.

L'Union Européenne est particulièrement bien placée pour tenter de propager ces valeurs et d'en tirer des conséquences concrètes. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle représente le plus grand marché du monde.

Prenons un exemple simple et imaginons que le Luxembourg, charmant petit pays où l'on peut ramasser des champignons à quelques kilomètres des banques, ait, au nom du respect de la vie, une profonde aversion pour certaines pratiques de l'élevage industriel. Cela ne changerait rien aux abus mondiaux du « factory farming » puisque les quantités susceptibles d'être vendues au Luxembourg sont minimes.

Il n'en va pas de même avec l'Union Européenne. De sorte que les normes qu'elle édicterait pourraient finir par devenir universelles.

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