Les observations socioculturelles produites depuis une cinquantaine d’années mettent en lumière une évolution profonde des façons dont les Occidentaux fonctionnent dans leur vie quotidienne. Leur personnalité de base s’est transformée.
Par exemple, ils se sont ouverts à leurs sensations, leurs émotions. Ils sont appris à les raisonner. Leur empathie s’est réveillée et ils sont devenus socio-perceptifs et socialement habiles. Ces transformations sont un des moteurs du changement socioculturel.
Au cours des années 70 et 80, la Cofremca avait noté que la fréquentation de la télévision semblait renforcer la capacité de décodage des mimiques chez les téléspectateurs. On détectait plus facilement un sourire faux ou une émotion dissimulée sur écran de télévision que dans la réalité du face à face.
Quelles évolutions de ce type sont-elles en train de se produire en liaison avec les nouveaux outils de communication ? Chez les jeunes, la lecture est moins une opération ordonnée page après page, paragraphe après paragraphe, chapitre après chapitre et plus une promenade sur Internet de liens en liens au gré des impulsions du moment. Surfer sur la Toile tend probablement à modifier nos façons de percevoir et d’appréhender le monde.
Gary Ismall vient de publier un livre (“Ibrain: Surviving the Technological Alterations of the Modern Mind”). D’après lui, l’utilisation d’Internet change la façon de travailler de notre cerveau. Elle nous rend apte à filtrer l’information et à prendre des décisions dans l’instant. Mais en même temps, nous dit-il, la génération digitale est moins capable de décoder les expressions faciales et les gestes mineurs. Il craint que nos habiletés traditionnelles de communication dépérissent.
Il est probable que ces transformations des façons de fonctionner de nos contemporains dans leur vie quotidienne se traduisent par des modifications du câblage de leur cerveau. Les neurosciences devraient pouvoir les mettre en lumière en soumettant à une IRM, par exemple tous les dix ans, des échantillons représentatifs de population.
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