Face à la crise, certains sont aujourd’hui partisans de faire le gros dos ; ils anticipent le « business as usual » dans le meilleur des mondes. D’autres songent avec ravissement au retour d’une économie d’Etat bureaucratique et rêvent par exemple de rétablir l’autorisation administrative de licenciement. Ces deux postures sont dangereuses.
En fait, quatre crises se superposent et risquent si l’on n’y prend garde de s’exacerber mutuellement. La crise financière a déclenché une crise économique. L’une et l’autre se déroulent sur la toile de fond de la crise écologique (notamment énergétique et climatique).
La quatrième dimension de la crise est sociétale. Le modèle particulier de capitalisme qui a influencé les pratiques politiques et économiques de tout l’Occident au cours des trois dernières décennies est ultralibéral et hyper-financier. Il est inspiré par la conviction que le marché s’il est laissé totalement libre résout tous les problèmes dans l’intérêt général. Il installe une primauté du laisser faire sur le volontarisme, du court terme sur le long terme et de la finance sur l’industriel ou le métier. Les acteurs de ce système, plus ou moins obnubilés par la course au profit maximum à court terme, se sont coupés de la société en profonde mutation et, désadaptés, ont suscité des turbulences et un rejet croissant qui pourrait devenir violent.
La sortie de crise ne sera harmonieuse et paisible que si elle débouche sur un capitalisme qui entre en synergie avec l’écologie et la société.
Commentaires
Permalien
Il me semble que le décalage entre capitalisme et société est d'autant plus important que les "gens ordinaires" se sont habitués à évoluer au grè de leurs crises de vie (chômage, divorce, maladie, difficultés d'un proche, etc.).
Cette plasticité des trajectoires de vie a débouché sur une capacité croissante de chacun à recomposer en permanence la hiérarchie de ses priorités individuelles.
Dans le même temps, le capitalisme n'a pas engendré le même type de souplesse. Aujourd'hui, la plupart des dirigeants font le même constat : il est devenu quasiment impossible de reprioriser ses actions dans un contexte qui pousse à être plus rapide, plus efficace, plus rentable ; mais pas plus juste, plus utile, plus humain.
La synergie entre capitalisme et société pourrait être fondée sur l'utilisation des crises pour développer de nouvelles marges de liberté (même si cela paraît paradoxal) et la recherche systématique de plus de souplesse plutôt que plus d'efficacité.
Permalien
Félicitations pour ces récents articles "de sortie de crise". Je me suis permis de vous citer, ce propos convergeant tout à fait avec ma réflexion sur la place de l'entreprise dans l'économie nouvelle. Bien cordialement et… bonne année !
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