Je vois déjà des sourires. Non, ne prenez pas cet article pour un canular. C’est très sérieux.
Marc Ullmann propose une communauté mondiale de l’eau. Oui, l’eau est rare et inégalement partagée. L’eau potable manque et viendra encore plus à manquer. Mais je ne vous parle pas ici de manque d’eau, mais du réchauffement climatique.
Quel rapport, me direz-vous, entre réchauffement climatique (une nouvelle grande peur pour nos esprits vigilants) et la vapeur d’eau ? Eh bien il y a un rapport direct.
Quel est le principal agent du réchauffement climatique ? La quantité de chaleur produite par l’activité humaine. Les experts sont unanimes là dessus. Où ils ne sont pas encore d’accord, c’est sur l’importance du phénomène, et surtout sur les moyens de l’enrayer.
Or la chaleur produite par l’activité humaine n’est pas près de diminuer : en fait, elle ne fait qu’augmenter, en vertu du troisième principe de la thermodynamique. Toute utilisation d’énergie par l’humanité se transforme au bout du compte en chaleur qui contribue donc au réchauffement climatique, inexorablement.
Regardons les magnifiques images de la terre vue de l’espace. On reconnaît les continents et les océans, quand les nuages ne les recouvrent pas. Ah, ces nuages ! Combien d’excursions gâchées, combien de voyages d’agrément ternis par la nébulosité !
Ces nuages, vus de l’espace, sont blancs.
Quelle est la principale propriété du blanc ? D’absorber très peu le rayonnement, et donc de le réfléchir. Dans la grande quantité de rayonnement qui arrive en continu de notre soleil, et qui donc chauffe notre terre, une partie non négligeable est renvoyée immédiatement par la couche nuageuse blanche. Cette couche blanche, c’est de la vapeur « saturée », par opposition à la vapeur « sèche » qui est présente partout dans l’atmosphère, mais invisible. Invisible, donc transparente pour le rayonnement solaire.
Si vous regardez, un jour de bon vent, comment se forment et se déforment les nuages, vous verrez que la vapeur « saturée » apparaît à partir de rien, subitement dans le ciel. En fait, elle apparaît à partir de la vapeur « sèche » proche de la saturation, grâce à une variation locale des conditions atmosphériques. Et quand le nuage cache le soleil, ça chauffe moins en dessous. « Ôte toi de mon soleil » disait Diogène à un interlocuteur qui lui faisait de l’ombre…
Les nuages apparaissent et disparaissent spontanément dans notre ciel. Nous n’y pouvons rien. Rien ? Pas si sûr…
A entendre nos experts du réchauffement climatique, la température va augmenter de un ou deux degrés dans le prochain siècle. Et si, au lieu d’essayer de réduire l’échauffement dû à l’activité humaine, on va essayer d’augmenter la couverture nuageuse, de quelques pour cent ? On diminuerait la quantité de chaleur reçue du soleil, ce qui pourrait compenser pour partie celle produite par l’humanité. Je ne serais pas étonné que les calculs à faire montrent que cela coûterait moins cher…
Comment donc augmenter la couverture nuageuse ? Eh bien là où c’est possible, augmenter le taux de vapeur sèche dans l’atmosphère. En créant de nouveaux lacs d’eau douce, en particulier dans les zones désertiques.
Revenons à notre terre vue de l’espace. Les trois quarts de sa surface, ce sont les océans. Sur le quart restant, un dixième est constitué par une grande bande quasi désertique, entre la Mauritanie et la Péninsule Arabique. Cette grande zone fut, il n’y a pas si longtemps, une belle région où paissaient des vaches : les peintures rupestres du Sahara en attestent.
Remettre une quantité significative d’eau dans des lacs au milieu de cette région pourrait changer le climat non seulement de cette région, mais aussi de toute la terre.
Non seulement ces lacs réduiraient l’échauffement direct du sol (la surface de l’eau fait pour une grande part miroir) mais l’eau quand même chauffée s’évaporerait, augmenterait la teneur en vapeur d’eau dans le Sahara, et accroîtrait ainsi la formation de nuages dans la zone.
Les climatologues savent bien que les étendues d’eau artificielles créées par l’homme changent un peu les conditions climatiques locales.
Mais où prendre l’eau douce ? Eh bien par exemple détourner une partie du fleuve Zaïre ou de ses affluents, lui faire passer le seuil peu élevé qui sépare le bassin équatorial du Zaïre du grand bassin du Tchad. Par un canal creusé, ou par pompage. L’énergie nécessaire ? Grâce à des barrages hydroélectriques installés justement en aval du fleuve Zaïre : ces énormes possibilités hydroélectriques n’ont jamais été exploitées, car on ne sait pas quoi faire de cette électricité qu’on ne peut pas transporter sur plus de deux mille kilomètres !
Voilà donc le projet de grand lacs intérieurs dans le Sahara.
En regardant une carte en relief de cette région, on voit qu’il y a quatre endroits où il serait relativement facile de créer un grand lac dans une grande cuvette naturelle :
1)au sud de la Mauritanie : l’Aoukar, en prenant de l’eau du fleuve Sénégal pendant son passage à travers le Mali.
2)Au Tchad : la cuvette du Bodélé. L’eau de l’Oubangui serait prélevée à travers un canal à creuser du sud vers le nord, pour rejoindre le cours du Chari jusqu’au lac Tchad. De là on creuserait un canal vers le nord jusqu’à la cuvette.
3)En Egypte occidentale : la dépression du Mukhafad el Qattarah, en creusant un canal depuis la méditerrannée.
4)En Arabie, la cuvette de Al Muruk al Mutaridah, en pompant depuis le golfe persique.
Une première phase de ce projet « super pharaonique » pourrait concerner ces quatre zones, avec une surface d’eau totale de l’ordre d’un demi million de km2.
Les gens qu’il faudra convaincre ne seront pas faciles à convaincre. Mais surtout, ces projets concernent plusieurs Etats, et l’on peut imaginer les difficultés résultant d’intérêts locaux contradictoires. Il faudrait donc dépasser le jeu des intérêts locaux et marchands en créant une communauté. Comme la valeur partagée de ce projet, c’est l’augmentation de taux de vapeur d’eau dans l’atmosphère, avec toutes ses conséquences sur l’ensemble du climat sur terre, la communauté pourrait prendre le nom de « Communauté de la Vapeur d’Eau », CVE.
Ensuite le projet pourrait s’étendre avec une deuxième phase, qui pourrait quadrupler la surface d’eau créée, mais avec des investissements dix fois plus élevés que pour la première phase. La surface d’eau créée pourrait alors atteindre plus de deux millions de km2. De quoi augmenter la couverture nuageuse moyenne de la terre d’une valeur que nos climatologues sauront évaluer aussi bien que l’effet de l’augmentation de CO2…Et pourquoi pas, plus tard, une troisième phase, encore plus ambitieuse ?
On peut rêver. Mais quelquefois le miracle s’accomplit, le rêve se réalise…par la volonté initiale de quelques visionnaires.
Commentaires
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@ Philippe Tixier :
Si les projets que vous proposez sont réalisables techniquement, ils devraient finir par s'imposer car la survie de l'humanité passera par l'eau douce et potable...
Une autre voie, peut-être complémentaire de celle-ci, pourrait-être de donner réalité au vieux rêve de tous les sorciers : " Faire pleuvoir les nuages sur commande " ...
Plusieurs romans de science-fiction on examiné cette voie, l'agriculture s'y intéresse, en particulier les viticulteurs, et certains pays comme la Russie ont déjà mobilisé des moyens en ce sens.
Il s'agirait, en particulier, de chercher à domestiquer l'effet Bergeron, qui est l'un des processus physico-chimiques à l'origine de la formation des gouttes de pluie.
Pour tous ces projets, il nous faut appliquer la loi bien connue, dite loi Fauconnier, qui s'écrit :
I = C x V
( Le niveau d'Innovation se comporte comme le produit de deux facteurs indépendants, que sont Contrainte Factuelle et Volonté Humaine)
Pour innover, il faut la conjonction de ces deux facteurs nécessaires, l'existence ( ou l'apparition ou l'imminence ) d'une contrainte forte façe à l'existence d'une volonté humaine.
Pour ce qui est des contraintes, l'inventaire est possible, pour ce qui est des volontés, cela est une autre affaire...
HPS
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Bonjour,
je ne souhaite choquer personne, pourtant le fait que des gens concernés débitent tant d'âneries me laisse perplexe. Votre théorie depuis votre point de vue particulier est forcément juste, mais considérez que celle exactement opposée l'est également du point de vue de celui qui l'émet! Soyez assez aimable de me citer une seule vérité scientifique qui ait passé l'épreuve du temps? Par vérité j'entend éthymologiquement qui soit vrai ici, ailleurs, aujourd'hui et demain? Lorsque vous aurez répondu à cette question, peut être vous rendrez-vous compte de l'orgueilleuse inepsie de vos propositions.
Sans rancune
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Je ne comprends pas bien le point de vue développé par le rédacteur précédent. En matière scientifique, la règle me semble être que toute vérité n'est jugée "vraie" que si elle explique une expérience réelle, en partie tout au moins. Il n'y a pas de théorie scientifique qui soit totalement et durablement vraie dans l'absolu. Toute théorie est soit en attente de validation par la découverte d'une expérience qui lui soit favorable, soit en attente d'invalidation par la découverte d'une autre expérience qui la contredit.
La vérité du scientifique est le doute, jamais la certitude. Il me semble donc vain, par nature, d'attendre qu'une théorie scientifique soit éternelle. Elle n'est que la meilleure explication que l'on ait trouvé à une réalité qui continue à nous échapper...
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