La visite du président Santos en Europe pour y chercher un appui politique et financier a braqué les projecteurs sur le processus de paix engagé par son gouvernement. Son plaidoyer sur le fait que ce conflit par son ampleur et sa durée transcende les intérêts nationaux semble avoir été bien reçu par les dirigeants qu’il a rencontrés ; en revanche, les résultats semblent limités en matière de soutien financier à l’exception d’un crédit consenti par l’Allemagne.
Or la question du financement de l’après conflit est cruciale et la semaine passée l’hebdomadaire « Semana » titrait « Le compte n’y est pas ». En effet dans les projets d’accord, le gouvernement s’engage à prendre en charge le coût de la mise en œuvre du processus de paix et cela concerne à la fois les réparations aux victimes et le lancement de vingt projets de développement rural. Avec 6 millions de déplacés (14% de la population), des dizaines de milliers de victimes à indemniser et des milliers de combattants à réintégrer, les coûts sont considérables. Cette charge pourrait en outre intervenir à un moment où l’économie mondiale s’essouffle y compris en Colombie. Ceci pourrait se transformer en un piège politique pour le gouvernement pris en tenaille entre des engagements intenables et les exigences du parti politique issu des FARC.
Une autre question menace le processus, celui du statut des coupables d’exaction issus des rangs de la guérilla, des forces armées ou des organisations paramilitaires pour lesquels dans chaque cas, un délicat équilibre entre justice et amnistie est à établir afin de permettre aux victimes et aux anciens bourreaux de vivre ensemble à défaut de réconciliation ou de pardon.
Au delà de la Colombie, ce processus est un laboratoire et, comme souligné par Philippe Tixier dans son commentaire de la précédente alerte sur ce pays, les enseignements en seraient valables pour les situations de plus en plus fréquentes « d’Etats parallèles qui fondent leur puissance sur le terrorisme appliqué aux populations ».
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