Cette semaine, le Président Juan Manuel Santos effectue un tour des Capitales européennes (Madrid, Lisbonne, Bruxelles, Berlin, Paris et Londres) dans une assez grande indifférence. L’objet principal de cette visite concerne pourtant le processus de paix formellement engagé depuis octobre 2012, à l’issue d’une période de rapprochements secrets entre le gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC).
Les négociations qui se déroulent à Cuba visent « un accord général pour la fin du conflit et l’instauration d’une paix stable et durable » selon les mots d’Ivan Marquez l’un des négociateurs des FARC. Elles ont permis des avancées sur trois des cinq chapitres de l’agenda (réforme agraire, participation des FARC à la vie politique et démantèlement des structures du narcotrafic). Les discussions portent désormais sur les réparations aux victimes, ensuite viendront les modalités de fin du conflit armé. Au cas où un accord serait trouvé, le processus prévoit une phase de validation institutionnelle et populaire et une phase de mise en œuvre.
Pour tous les observateurs le processus entre dans une phase à la fois décisive et critique. Il y a peu les « colonels » des FARC ont effectué le voyage à la Havane et cette organisation a pour la première fois reconnu les dommages causés aux populations civiles tout en soulignant que ce n’était pas là la finalité des actions. C’est un processus complexe qui concerne de nombreux secteurs de la société colombienne et soulève beaucoup d’oppositions et d’interrogations sur la réalité de l’engagement des acteurs à mettre un terme à un conflit qui dure depuis cinq décennies et dont les victimes se comptent par dizaines de milliers.
Par cette offensive diplomatique le Président Santos anticipe sur les étapes suivantes du processus et en particulier la mise en place d’un fonds international pour financer le retour à la paix dont le coût pourrait s'élever à 36 milliards sur dix ans. La Norvège initiateur historique du processus, la Suisse, l’Union Européenne, l’Allemagne qui a promis une contribution de 100 millions d’€ et l’Espagne qui souhaite héberger le fonds ont annoncé leur appui. La France apporte un soutien actif au processus que la visite à Paris du Mandataire colombien vise à matérialiser. C’est un enjeu humain car le processus est accompagné d’une programme de « démobilisation » d’une ampleur exceptionnelle, diplomatique bien sûr mais également économique car la Colombie, pays « effervescent » probable futur membre de l’OCDE, connaît paradoxalement un développement économique dynamique.
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