La Commission Juncker a obtenu le 22 octobre l’investiture du Parlement Européen avec une majorité confortable et, après l’approbation du Conseil Européen (instance réunissant les chefs d’Etats et de gouvernement de l'Union) intervenue le 24 octobre, elle prendra ses fonctions début novembre, dans le respect du calendrier institutionnel.

Ainsi, Jean-Claude Juncker a réussi son pari et bénéficie-t-il d’une crédibilité renforcée. Dans son discours d’investiture il s’est attaché à répondre point par point aux critiques émises par les différents groupes à l’issue des auditions. Il a d’ailleurs annoncé des réaménagements de différents portefeuilles et mentionné la tutelle des Vice-présidents sur les portefeuilles de l’énergie et des finances. Par ailleurs, il a rappelé les engagements qu’il a pris lors de son investiture le 15 juillet 2014 et qui ont valeur de contrat entre la Commission et le Parlement européen. Enfin, il a confirmé le lancement d’un paquet d’investissements de 300 milliards d’euros en trois ans dont les contours seront précisés avec les nouveaux commissaires et annoncés avant noël. Cette initiative a été appuyée par le Conseil Européen et une task-force est créée entre la Commission et La Banque Européenne d’investissement pour en préparer les modalités financières. D’ailleurs une augmentation de capital de la Banque est d’ores et déjà envisagée. C’est donc une Commission « très politique » et nettement plus réactive qui s’installe au Berlaymont et dont le Président ne sera pas « le valet du Conseil Européen ». C’est aussi le nouvel équilibre des pouvoirs entre les Institutions en application du traité de Lisbonne, donnant à la Commission une plus grande autonomie vis à vis du Conseil et conférant au Parlement européen un vrai pouvoir dans les décisions. Les rendez-vous à venir seront autant de tests à cet égard et notamment en matière financière, car le Conseil reste le décideur en matière budgétaire. Pour la France, le premier rendez-vous concerne la discussion du budget 2015 ; à ce sujet J.C. Juncker a rappelé qu’il était nécessaire de respecter les engagements du pacte de stabilité tout en faisant preuve de la flexibilité indispensable. Egalement importante sera la teneur des investissements annoncés et les modalités de leur gestion car il est souhaitable que la France en tire le meilleur parti, qu’il s’agisse de bénéficier des financements ou bien de remporter les contrats d’exécution. Et il serait utile de se préparer à l’un comme à l’autre. En cette période d’euroscepticisme, elle a été qualifiée de Commission de la dernière chance. Saura-t-elle avec le Parlement retrouver la confiance des citoyens ? C’est tout l’enjeu du futur de la construction européenne engagée depuis plus de cinquante ans.