Le monde agricole traverse une situation de crise quant à ses marchés, son rapport à la terre, le positionnement français sur des marchés très concurrentiels et le rapport de confiance – ou de défiance – entre les différents acteurs économiques.
Ceci est particulièrement vrai pour la Bretagne estime Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross France et territoires GCFT), branche française de Green Cross, l’ONG internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev en 1993 à la suite du Sommet de la Terre de Rio, lors d'une intervention au Club.
Le constat y est alarmant : la filière porcine bretonne va mal. L’augmentation du coût des intrants (pétrole, céréales, produits phytosanitaires …) a fait chuter le revenu des éleveurs de 1 500 à 800 euros mensuels en l’espace de dix huit mois, selon une étude de GCFT alors que son impact sur l’environnement se paie au prix fort : la facture écologique des eaux polluées par la concentration des élevages se situe entre 1 et 1,6 milliards d’euros selon le Commissariat général au développement durable. Une facture qui risque encore de s’envoler avec les amendes prévues par Bruxelles pour mauvais état des eaux. D’où, dit-il, l’appel lancé par des associations locales et des élus bretons à GCFT pour promouvoir des solutions à la pollution par les algues vertes.
Depuis un an, GCFT s’est attelée à la préfiguration opérationnelle de la transition de la production porcine en Bretagne Nord, en fédérant les différents acteurs et en montrant qu’une transition de la production porcine est économiquement viable et pérenne, mais aussi socialement et environnementalement désirée.
Le projet d’une nouvelle filière porcine durable, de l’exploitation à la distribution en magasins, avec un cahier des charges strict, mais sans les exigences et le coût du bio ; ce qui permet en bout de chaîne, de proposer des produits de qualité à des prix intermédiaires, est ainsi né, ajoute-t-il.
Ce projet n'a, selon lui, pu aboutir que grâce à la prise de conscience des différents acteurs de la filière – producteurs, industriels agro-alimentaires, distributeurs et consommateurs – et à l’émergence d’un consensus tant sur le diagnostic que sur les solutions à mettre en œuvre.
GCFT a réussi, dit-il, à réunir tous les représentants de la filière (dont les consommateurs) pour la rédaction d’un cahier des charges. Un cahier des charges qui impose un élevage sur paille, sans traitement chimique préventif, ayant recours à 60 % aux cultures locales, sans OGM, avec rotation des cultures, une alimentation diversifiée et des déchets sous forme de fumier et non de lisier.
D’ores et déjà, une dizaine d’éleveurs se sont rassemblés sous le label associatif Cohérence Thierry Schweitzer, un éleveur alsacien qui conseille cette filière en construction en Bretagne et qui a montré, par sa propre pratique, que ce modèle était viable.
Pour Nicolas Imbert, ce nouveau modèle de production non seulement se veut rentable mais vise également à sortir les éleveurs du dispositif des subventions. Une alternative d’autant plus intéressante que beaucoup d’exploitations traditionnelles seront remises en cause en 2013, par l’application de normes relatives au bien-être animal.
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