Forte de ses excédents commerciaux et de ses réserves de change qui en sont le miroir – soit quelques 2500 milliards de dollars, et le montant s’accroît chaque jour d’environ 1 milliard – la Chine fait ses emplettes.

Il y a quelques semaines – l’a-t-on assez remarqué ?! – une entreprise chinoise s’est offert BN avec, entre autres, les célèbres « CHOCOs BN » qui alimentaient les goûters de notre enfance comme aujourd’hui ceux de nos enfants. Cela tombe bien : le groupe britannique United Biscuits qui avait naguère racheté Biscuiterie Nantaise a maintenant besoin de cash.

Partout, les vendeurs se bousculent. Pas seulement en Afrique, où les pays sont pauvres et ont besoin de capitaux. L’Europe Centrale d’abord, l’Europe du Sud plus récemment offrent leurs bijoux de famille. Une entreprise chinoise a ainsi acquis un droit d’exploitation dans le port grec du Pirée.

Bientôt peut-être, quelques-uns de nos musées, châteaux et palais, en France, en Italie, en Espagne ou ailleurs, seront "exploités" par des Chinois qui pourront à la fois veiller à leur entretien et les alimenter en touristes.

Après tout, dira-t-on, de telles transactions sont normales. Pourquoi devrait-on s’inquiéter, par exemple,  que Marionnaud en France ou Volvo en Suède, soient passés sous pavillon chinois ? Il ne s’agit que de vente d’actifs comme la vie des affaires en suscite tous les jours. Rien de plus. Juste un signe tangible, concret, opérationnel, parmi bien d’autres, que le centre de gravité du monde se déplace peu à peu d’Ouest en Est.

Et puis, dira-t-on, il sera toujours possible à tel ou tel Etat de s’opposer à tel ou tel achat jugé trop stratégique. Ainsi, lorsqu’un fonds souverain chinois a voulu racheter la compagnie pétrolière californienne Conoco, qui n’est pourtant pas l’une des « majors », le Congrès américain s’y est opposé. Traduction libre : les Chinois peuvent accumuler tous les dollars qu’ils veulent à condition de ne pas prétendre les dépenser comme ils veulent.

Les Chinois pourraient finir par s’en offusquer. Ainsi se dessine un enjeu complexe à forte composante géopolitique.