Les Français, appelés aux urnes pour le deuxième de la Présidentielle, s’apprêtent à voter avec bien moins d’espérance et d’enthousiasme qu’auparavant.
Dans une ambiance d’extrême sensibilité à la crise économique et financière et aux moyens limités de l’Etat pour y faire face dans un monde interdépendant, loin du « grand soir » ou des « lendemains qui chantent », tout au plus espèrent-ils que leur prochain Président, élu ou réélu, qu’ils n’attendent plus comme sauveur ou homme providentiel, tiendra bon la barre dans la tempête en leur épargnant l’effondrement grec et les turbulences portugaises, espagnoles ou italiennes…
Ce sentiment prédominant apparaît d’autant plus légitime que les principaux futurs acteurs de leur destin ne sont pas des électeurs appelés au scrutin ; ils lui sont extérieurs tout en pesant sur lui de tout leur poids, et pour cause : il s’agit de la gouvernance européenne et, pour parler clair, de son ancrage dominant qu’est l’Allemagne, qui invite ses partenaires à la suivre dans la rigueur budgétaire et l’effort économique (consommer moins, épargner, investir et exporter plus) ; il s’agit aussi des marchés et de leur boussole, juste ou non, les agences de notation, qui ont mis et garderont sous surveillance le niveau d’endettement public de la France comme celui des autres pays développés, et donc dicteront le niveau des taux auxquels elle pourra, ou non, continuer à emprunter pour maintenir, ou non, son train de vie ; mais, autre boussole, qui pèsera elle aussi sur le prochain pouvoir sorti des urnes, celle de l’acceptabilité sociale de l’ajustement à la crise, il s’agira également de voir si la rue française suit, ou non, les défilés récurrents de foules énormes que connaissent déjà, au fil des mois et des plans d’austérité, les rues grecques, portugaises, espagnoles et italiennes …
Les électeurs, on le sait, et ils le savent (sans aller jusqu’au fameux « élections, piège à... »), font le vote mais pas forcément les décisions du pouvoir qu’ils ont élu. On le vérifiera, ils le vérifieront cette fois-ci plus encore que par le passé…
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