On a critiqué Pékin pour n’avoir pas autorisé la foule à assister aux cérémonies du 60ème anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine. Le défilé militaire qui s’est déroulé devant les dignitaires du régime, Place Tienanmen, a été interprété comme un signe du militarisme renaissant de la Chine.
Mais le défilé comportait aussi des dizaines de chars (comme à un carnaval), évoquant, parfois avec naïveté, une page d’histoire, une réalisation technique ou une profession.
Le défilé achevé, les chars ont été rangés sur la place qui est ainsi devenue un immense parc d’attraction où des centaines de milliers d’habitants de Pékin mais aussi de Chinois venus de tout le pays se pressent dans une ferveur populaire non feinte. Ils achètent des petits drapeaux chinois et des autocollants au sigle du 60ème anniversaire et sur lesquels est parfois inscrit : I love China. Et il y a plus de teenagers que d’apparatchiks.
Sur des écrans panoramiques géants défile en continu un film réalisé par la télévision d’Etat, CCTV, qui alterne des vues de la Chine éternelle et des images de la Chine moderne entrecoupées de séquences où l’on voit une jeunesse chinoise souriante et enthousiaste.
La symbolique du film est forte : il ne s’agit plus seulement de marquer la continuité historique, il convient de placer l’Homme au centre de cette histoire, d’en faire un acteur. C’est un fait nouveau.
La foule se presse, aussi joyeuse que sur les images qui défilent. On voit fleurir les drapeaux dans les rues, un peu partout, et sur les toits des voitures comme à Paris quand l’équipe de France a gagné un match. La spontanéité de ces manifestations témoigne du franchissement d’une étape : la prise de conscience et la fierté qui en découle de l’extraordinaire chemin parcouru depuis trente ans.
Après le succès des Jeux Olympiques et de cette célébration nationale, et à la veille de l’Exposition de Shanghai, le pays et ses dirigeants se sentent chaque jour plus fort. L’ignorer serait une faute. La France et les entreprises qui ambitionnent de réussir en Chine doivent intégrer cette réalité nouvelle.
Commentaires
Permalien
J'étais en Chine à cette époque (du 60ème anniversaire). Les gens étaient manifestement intéressés et participants à Pékin même. Mais dans les autres villes, il n'y avait pratiquement rien ! Quelques écrans rediffusant les cérémonies de la capitale, quelques badauds... comme on peut le voir à XI'an -ville de 5 millions d'habitants tout de même- sur mon blog :
http://www.alain-barre.com/article-chine-65-xi-an-jour-de-la-fete-nation...
Mais un périple de 3000 Km et de nombreux contacts m'incitent à penser que les chinois ont retrouvé la foi en leur pays en même temps qu'ils s'enrichissent (ou qu'ils deviennent moins pauvres). Ils sont prêts à travailler jusqu'à l'épuisement pour cela, comme en témoignent les nombreuses photos de commerçants, repus de fatigue et endormis près de leur étalage !...
cordialement
alainB
Ajouter un commentaire