Euro : le frein statutaire

090304-Euros.jpgLes Etats-Unis, après l’adoption d’un plan de sauvetage massif de leurs banques et d’un plan de relance non moins massif de leur économie par la dépense publique, n’ont-ils plus désormais qu’à « attendre et voir », espérer, la sortie de crise, ayant épuisé tous remèdes ? Que non. Il est de plus en plus question Outre-Atlantique de solutions pudiquement dites "non-conventionnelles", si les précédentes ne suffisaient pas ! 

Ainsi, en matière monétaire, les Etats-Unis pourraient décider – comme la Fed, après avoir ramené à presque zéro ses taux courts, y a fait allusion en indiquant qu’elle pourrait acheter des titres du Trésor US pour abaisser aussi les taux longs – de relancer la "planche à billets". Certes ils en paieraient sans doute tôt ou tard le prix par une défiance internationale à l’égard de leur monnaie.

 

La Chine ne s’y est pas trompée. Récemment devenue, devant même le Japon – l’a-t-on assez relevé… ? – premier détenteur mondial de titres du Trésor US, elle aurait fait savoir à la nouvelle Administration américaine qu’elle riposterait à toute politique de relance ayant pour effet de dévaloriser son portefeuille dollars. Cependant, à la fin des fins, les Etats-Unis peuvent retrouver leur attitude classique d’indifférence ("benign neglect") quant à la valeur externe de leur devise. Ils pallieraient ainsi une insuffisance de la demande internationale de dollars par une demande… de leur propre banque centrale, choisissant alors entre deux maux le moindre, le risque d’inflation, future, plutôt que de déflation durable.  

   

L’Europe, elle, n’a pas a priori ce luxe, faute d’une souplesse analogue dans la zone euro. Au sein même de cette zone, et entre partenaires très proches, la "dépensière" France doit payer environ 50 points de base (0,5%) de plus que la "vertueuse" Allemagne sur ses emprunts publics, l’Italie 100 de plus, l’Irlande 300 (sans parler de la Grèce, pour qui le "robinet" s’est quasiment fermé).

 

Ces écarts pourraient s’accentuer. Il est à craindre que les Etats, confrontés à une même crise, mais partant de situations financières très différentes faute de convergence préalable de leurs politiques économiques, n’en sortent de manière très asymétrique. Des pays, comme l’Islande ou la Hongrie - déjà en cessation de paiements hors zone euro -, totalement dépendants de l’aide étrangère risqueraient de plonger encore plus bas. L’Allemagne, de son côté, dont la Chancelière et le Ministre des Finances s’inquiètent de la « course aux milliards » dans les dépenses de relance… des autres, apparaîtrait comme une valeur refuge.

 

Si l’on s’en tient à la lettre des textes, les statuts de la zone euro ne permettent pas à la BCE de se substituer au marché en se portant acquéreur des titres de dette de tel ou tel de ses Etats membres. De sorte que certains économistes évoquent déjà des tensions centrifuges au sein du club euro, par manque de solidarité et de mutualisation, avec à terme un risque de sortie de tel ou tel membre, voire par effet domino, d’éclatement de la zone. Le seul fait que le Président de la BCE ait dû à diverses reprises contester l’existence d’un tel risque montre bien… qu’il existe !  

Et, crise ou pas, les arbitragistes sont déjà à l’œuvre dans les salles des marchés pour jouer telle signature souveraine contre telle autre dans le même euro. Reste une échappatoire, qui émanerait d’une volonté politique commune : contourner les statuts de la zone euro pour pouvoir agir comme les Etats-Unis. Est-ce impossible ? Après tout, face à la crise, les critères supposés intangibles de Maastricht viennent bien d’être mis aux oubliettes ! Mais en pratique, là comme ici, c’est essentiellement la puissante Allemagne qui détient la clé de la décision. Jouera-t-elle l’euro… ou solo ?

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Commentaires

Quand je vois les montants des dettes des pays riches, je ne peux m'empêcher de me poser la question suivante : que se passerait-il s'ils décidaient ensemble de ne pas les rembourser ?
C'est finalement d'une manière déguisée ce que font les USA.

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