« You will regret Vietnam »

Einstein disait des théories scientifiques qu’elles devaient être « aussi simples que possible mais pas plus simples ». De même les analyses politiques doivent se garder de chercher une seule cause à une situation complexe.

En Irak, un attentat a été commis contre un lieu saint chiite, cet attentat a entraîné des représailles qui, elles-mêmes, en ont entraîné d’autres. Du coup, certains ne voient dans la situation irakienne qu’un affrontement entre deux confessions. C’est oublier un peu vite que le régime de Saddam Hussein ne se caractérisait pas par une domination des sunnites sur les chiites.

Le dictateur, bien sûr, avait promu des gens de sa famille, de son village, de son clan qui effectivement étaient de tradition sunnite. Mais le parti Baas était laïc et, à la plupart des échelons, l’équilibre était savamment entretenu. D’ailleurs, pendant la longue guerre contre l’Iran, les chiites irakiens n’ont pas soutenu leurs frères en religion. Quant à la répression menée par Saddam en 1991, elle tendait à mater une révolte dirigée non contre des sunnites mais contre le régime.

Aujourd’hui, les communautés s’affrontent mais les responsables religieux des deux camps s’efforcent d’atténuer les tensions et corrélativement, de raviver le sentiment nationaliste. Bientôt, risque de venir le temps où « la haine et la fureur » des Irakiens se retournera contre les « occupants ».

Dès les premiers jours du conflit, un spécialiste de la région avait tristement dit à des amis américains « you will regret Vietnam ». Terrible prédiction ! Qui a intérêt à ce qu’elle se réalise ? En tout cas, pas l’Europe.

Share

Ajouter un commentaire