Nos amis britanniques s'apprêtent à voter pour ou contre le maintien de leur pays dans l'Union européenne.
La dynamique de la campagne semble indiquer que la sortie de cette Union a le vent en poupe.
Certes le Brexit fait peser un risque économique (d'ailleurs plus fort, semble-t-il, pour nos amis britanniques que pour nous) et politique (une possible « contagion » mais, si elle devait s'avérer, elle ne concernerait que des pays mineurs).
Ce départ ne peut-il pas, bien au contraire, représenter une chance historique pour l'UE ?
Le Royaume-Uni a eu, depuis toujours, « un pied dans l'Union et un pied en dehors ». Ce qui est une assez bonne représentation de son attitude très égoïste, tirant de l'Union ce qui peut être bon pour elle (pour faire simple, l'accès privilégié à un marché important lui permettant de développer son économie, notamment financière), rejetant toute forme de contrainte collective.
Car le Royaume-Uni ne s'est jamais complètement amarré à l'Europe continentale.
Winston Churchill n'avait-il pas déclaré au Général de Gaulle, « Sachez-le ! Chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large ».
Après son adhésion le 1er janvier 1973, faisant suite à 2 tentatives repoussées par la France de De Gaulle (« l'Angleterre, je la veux nue »), et un premier référendum (déjà !) en 1975, il commence, dès l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979, à réclamer un traitement particulier.
Le tonitruant « I want my money back » de la Dame de fer ouvre la voie à une suite ininterrompue d'exemptions : rabais sur la contribution budgétaire, coopération judiciaire et policière à la carte, refus d'appliquer la charte des droits du travail, nombreuses dérogations à la législation sociale, refus de participer à l'espace Schengen, etc.
Bref, le Royaume-Uni n'a cessé d'appuyer sur le frein à chaque tentative de l'Union de progresser.
Alors, au moment où l'UE risque la désagrégation, la sortie de ce trublion ne sera-t-elle pas justement l'occasion de refonder (osons « ré-enchanter ») le « projet » européen et lui (re)donner une ambition réellement collective ? Quelle place politique veut tenir l'Union dans le monde multipolaire post chute du mur de Berlin ? Comment adapter collectivement son économie et ses peuples à la mondialisation ? Comment préparer sa jeunesse à prendre la relève ? Comment intégrer intelligemment les migrants qui la rejoignent ? Comment lui redonner un contenu plus démocratique et éviter la dérive technocratique ? …
Si le Brexit n’a pas lieu… ce sera vraisemblablement « business as usual » !
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