COVID-19 : et s'il fallait entendre les collapsologues ?

Vous savez, ces doux dingues qui prétendent que, à un horizon impossible à prévoir précisément mais assurément prochain (dans 10 ans, 30 ans ?), notre civilisation pourrait s'effondrer (« collapse » en anglais).
Mais qu’est-ce qu’un effondrement ? Les collapsologues parlent de « processus à l’issue duquel les besoins de base ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ».
Pour en savoir davantage sur cette nouvelle « science », vous pouvez lire différents ouvrages1 qui expliquent pourquoi cet effondrement est inéluctable, quelles formes il pourrait prendre et comment il faudrait y faire face.

Peut-être y a-t-il eu quelques prémisses d'un tel phénomène. Par exemple lors de la crise financièro-économique de 2008. Certes, il ne s'agissait à l'époque que de liquidités bancaires, donc pas de ressources de base de la population. Mais par ses mécanismes de déclenchement, et par ses conséquences dramatiques sur la vie de nombre de gens, on peut relever bien des parallèles avec ce que décrivent les collapsologues. Elle pourrait d'ailleurs se reproduire, et nombre d'experts l'annoncent déjà. Et Fukushima en 2011?

Avec le COVID-19, n'est-on pas réellement dans ce processus d'effondrement ? Une absolue indifférence à la souffrance des autres espèces (par ex. les « wet markets » asiatiques, dont on pense que la promiscuité des humains avec des bêtes sauvages en stress extrême est à l'origine de la pandémie actuelle), une sur-consommation effrénée des transports aériens qui brassent les populations en accroissant de façon vertigineuse les risques. Avec pour conséquences de très grandes difficultés à satisfaire nos besoins de protection de base (masques, etc.) et de soins (manque de personnel et de matériel de réanimation, etc.). Et, dommage collatéral, mise à mal de nos libertés fondamentales (lois sur l'état d'urgence).

Il est probable que nous surmonterons cette « crise ». A quel prix ? Les milliers de milliards d'euros dont il est question donnent le vertige. Et qu'en sera-t-il de la prochaine ? Quand se produira-t-elle et sous quelle forme ?

Il faudra donc apprendre à vivre avec. Notre monde est devenu complexe et, pour utiliser un terme très à la mode, « systémique ». Il est probable que des solutions miracles ou des individus providentiels ne suffiront pas.
Emmanuel Macron a eu une phrase énigmatique, lors de son allocution du 16 mars : « le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant ». Que veut-il dire ? Quelles pistes va-t-il nous proposer ?

Les collapsologues en suggèrent plusieurs. Elles passent toutes par un profond changement de notre logiciel : ne plus se baser que sur la science, mais laisser davantage de place à l'intuition, inclure les « savoirs indigènes » qui mettent l'accent sur la symbiose entre l'homme et la nature, s'ouvrir à d'autres représentations du monde et, notamment, remettre en cause le rêve prométhéen de domination de la nature par l'homme, refuser l'exploitation débridée par les humains d'autres espèces, etc.

Il reste du chemin à faire pour une telle mise à jour de notre logiciel. Avons-nous envie de le faire ? En serons-nous capables, lorsque, le COVID-19 vaincu, les ressorts de rappel feront leur travail pour que tout continue comme avant ?

1Petite bibliographie
« Comment tout peut s'effondrer » par Pablo Servigne et Raphaël Stevens chez Seuil
«  Une autre fin du monde est possible » par Pablo Servigne, Raphaël stevens et Gauthier Chapelle chez Seuil
«  Effondrement » par Jared Diamond chez Folio Essais

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