Les hypothèses sont nombreuses : des individus en mal de célébrité, la branche de la Qaeda au Yémen ou de la Qaeda au Pakistan, ou encore l’Organisation de l’Etat Islamique (l’OIE présente en Syrie et en Irak) ?

L’attaque a été trop bien organisée pour l’attribuer à des dérangés mentaux, l’hypothèse de la Qaeda semble plausible du fait que l’un des frères Kouachi a fait ses classes au Pakistan et au Yémen, mais d’autre part, la vidéo de Coulibaly annonçant son allégeance à l’OEI indique que l’attaque pourrait provenir de ce côté. Peut-on penser à une alliance entre la Qaeda et l’OEI ? Rien n’est moins sûr. L’OEI se pose comme le seul véritable étendard de l’Islam triomphant. Elle se bat contre la Qaeda en Syrie (connue sous les deux noms de Hasha et Al Nosra) et ne manque pas une occasion pour démystifier Ayman Al Zawahiri le compagnon de Bin Laden et son héritier. L’OEI est née en 2012 d’un schisme entre les « traditionnels» de la Qaeda, et une nouvelle génération de combattants plus jeunes, aguerris par les batailles menées en Irak et en Syrie, qui ont jugé que la Qaeda «traditionnelle» n’avait pas le courage de sa pensée. La guerre entre les deux parties a déjà coûté plusieurs milliers de morts. L’hypothèse de la Qaeda au Yémen trouve un support dans le fait que l’un des leaders secondaires de la Qaeda (tué depuis par un drone américain) au Yémen s’est attribué la paternité du massacre. Il l’a fait un peu tard il est vrai, suite au silence de l’OEI sur ce sujet. Le voyage de l’un des frères Kouachi, il y a quelques années, au Yémen aurait pu corroborer ce scénario. Mais celui-ci s’est déroulé au moment où la Qaeda était unifiée et de ce fait ne porte pas à conséquence pour le moment présent. Des indices plus sérieux semblent pencher vers l’hypothèse que l’opération a été commanditée par l’OEI, bien que l’OEI soit restée silencieuse là-dessus. A part la vidéo d’allégeance de Coulibaly, elle se trouve appuyée par les faits suivants :

• Hayat Boumediene, la compagne de Coulibaly, a trouvé refuge en Syrie auprès de l’OEI en passant par le territoire turc. Ce n’est pas un hasard. Une structure d’accueil doit avoir été prévue dans l’aéroport turc. Elle a accompagné Hayat sur plusieurs centaines de kilomètres du territoire turc, lui permettant de « s’infiltrer » à travers la frontière en Syrie où un refuge a été préparé à l’avance par l’OEI.

• L’OEI ne s’est pas déclarée commanditaire justement pour ne pas exposer ce réseau.

Si l’enquête confirme cette hypothèse on ne peut s’empêcher de penser que les réseaux qui acheminent les adhérents à l’OEI vers la Syrie fonctionnent dans les deux sens. Par conséquent, pour limiter la probabilité de tels attentats sanglants à l’avenir, il importe de tout mettre en œuvre pour démanteler de tels réseaux.