Vers un défaut américain ? Ou la propension de la machine financière à créer des paniques

Defaut-AmericainLes grandes banques ont fantastiquement progressé dans la manipulation des marchés au cours des 20 dernières années, créant au passage une industrie gigantesque et un risque collectif majeur.

Il semble que les politiques s'essaient désormais à utiliser ce bel instrument : Barack Obama dramatise le blocage budgétaire américain en annonçant des troubles sur les marchés. Et les marchés se troublent...

Que va-t-il se passer ?

Normalement, ce qu'il se passe toujours pour des catastrophes anticipées d'origine humaine : elles ne se produisent pas, justement parce qu'elles sont anticipées. Républicains et Démocrates vont trouver un accord. Un certain nombre d'opérateurs auront simplement gagné beaucoup d'argent à chaque baisse (d'inquiétude) puis à chaque hausse (de soulagement). Mais il y a toujours le cas anormal, comme cette guerre de 14-45, dûment annoncée et anticipée et qui n'aurait jamais dû se déclencher.

La façon dont la politique se laisse aller à la manipulation des marchés financiers me semble plus intéressante. 200 ans de démocratie parlementaire américaine ont créé les techniques pour faire changer de position une dizaine d'élus pivots (revisionnez le film Lincoln ou la série House of Cards). Mais les marchés financiers modernes restent des machines à fabriquer des mouvements de panique de masse, 5 ans après 2008, et personne ne sait encore contrôler ces paniques.

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Commentaires

@Jérôme

Très bon diagnostic sur le monstre qu'est devenu le marché financier. Et surtout constat d'impuissance des "victimes", de la force du lobby financier, et de la veulerie des politiques.

c'est sur le principe de base de la spéculation qu'il faut réfléchir et proposer une réforme radicale. La TTF en est une: elle est votée par les parlements européens et français; et c'est notre ministre socialiste de l'Economie et des Finances qui lui savonne la planche en France !

Georges Soros, l'un des plus grands speculateurs connus, a brillamment explique, dans l'un de ses ouvrages sur les Bourses, comment provoquer a son profit un vaste mouvement haussier ou baissier des cours.

Il qualifie ces operations de processus BOOM KRACH et il decrit comment les provoquer et les piloter...

Rappelons que Georges Soros, via ses fonds speculatifs importants, a reussi il y a quelques annees a faire devaluer la Livre Sterling !

Lorsqu'on a lu ce texte on ne peut plus voir la Bourse ou les Marches de la meme maniere ...

@ Jérôme

La spéculation est en effet parfois bien utile : lorsqu'elle couvre un risque de revenu pour un producteur comme un agriculteur par exemple.

Lorsqu'il sème les graines du blé, il ne sait pas quelle sera la situation climatique plusieurs mois plus tard. Son souhait est donc de s'assurer un bénéfice par avance !

Il peut donc trouver une contrepartie, un acheteur de sa récolte future, alors que les pousses de blé ne sont même pas sorties de terre. Il signe donc un contrat de vente "à terme" avec le spéculateur et se garantit ainsi le revenu souhaité quelle que soit la récolte réelle future.

Le risque pris par le spéculateur qui, bien sûr ne souhaite pas disposer de la récolte réelle, sera soit une perte si les récoltes en blé sont toutes très abondantes car les prix du blé baisseront sur les marches agricoles.

Au contraire, si la météo est défavorable avant la récolte, les prix du blé proposés par les acheteurs s'envoleront et le spéculateur fera une belle opération.

D'accord avec vous deux, sauf sur un point : je ne pense pas qu'on puisse supprimer la spéculation. On en fait tous un peu ; et les gros spéculateurs s'abritent derrière les petits pour affirmer qu'ils remplissent un rôle utile.

Le problème naît quand comme aujourd'hui des acteurs formidablement puissants peuvent spéculer contre leurs clients avec la garantie du contribuable. Si déjà cela était interdit (si donc on séparait banques de marché, et banques de dépôt et de crédit) on y verrait plus clair...

Il faut avoir en tête les ordres de grandeur. Le commerce mondial s'élève à environ 20 000 milliards de dollars. Le PIB mondial est d'environ 62 000 milliards de dollars. Les transactions sur les produits dérivés s'élèvent à environ 700 000 milliards de dollars ! Soit 35 fois le montant des échanges commerciaux. Et même 12 fois le PIB mondial !
Ces produits, normalement conçus pour couvrir les risques de change liés à ces échanges, remplissent certainement cet objectif, mais (cf. les chiffres ci-dessus) alimentent surtout une "pure" spéculation.
D'accord avec Jérôme pour dire qu'il est illusoire (et même illégitime) d'interdire la spéculation. Mais à condition que les spéculateurs puissent perdre. Et en taxant sans états d'âme ce business à la fois très lucratif et sans intérêt pour le bien commun.

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