Jusqu’où ira la Chine ? Depuis 30 ans, ses gouvernants ont accompli un quasi sans faute. Le pays, industriellement sous développé, s’est transformé en « atelier du monde » et, depuis quelques années, la montée en gamme est vertigineuse.
La moitié des panneaux solaires installés dans le monde sont « made in China ». Les TGV, de fabrication locale, relient les principales villes du pays et sont bien placés pour conquérir le marché américain en commençant par la Californie. Dans tous les secteurs, des brevets sont déposés (67.000 en 2009 pour la seule chimie : record mondial). Non contente de se perfectionner dans les domaines où elle excelle, la recherche chinoise se lance dans toutes les directions (biologie, habitat, etc.). Les rêves les plus fous sont de rigueur : avec une croissance de 10% par an, le PIB double en 7 ans, quadruple en 14 ans.
Encore faut-il que la société ne perde pas la boule et conserve des repères. Après le grand bond en avant, raté par Mao, c’est le grand retour à Confucius. Le maître professait que l’harmonie ne peut naître que de l’ordre. Cela tombe bien, le régime s’applique à maintenir l’ordre et à prêcher l’harmonie.
Nul ne sait si les désespérances individuelles, les mécontentements catégoriels, les injustices locales, les expropriations arbitraires, les désastres écologiques ébranleront le régime. Si la croissance dure assez longtemps, probablement pas car la croissance est une clé magique qui permet de donner aux uns sans prendre aux autres. Même la corruption peut, dans certaines limites être absorbée. Deuxième atout : le Parti a su mettre en place un processus méritocratique. Les responsables, pour la plupart, sont capables d’agir vite tout en pensant à long terme. Cela pallie jusqu’à un certain point la lacune démocratique.
Ce n’est pas une raison pour mettre tous ses œufs dans le panier chinois et être obnubilés par l’éventuelle toute puissance de l’Empire du Milieu qui, rappelons-le, ne représente, à l’heure actuelle, que moins de 10 % du PIB mondial. Le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran et le Japon ne doivent pas être laissés pour compte comme si la Chine devait inexorablement créer un axe Sud-Sud pour remplacer l’ancienne suprématie occidentale. Pas si ancienne que cela d’ailleurs puisque les Etats-Unis, l’Europe et même la Russie ont de la ressource et peuvent coopérer.
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