Il y a quinze ans, General Electric a créé à Waukesha dans le Wisconsin une unité « Rayons X ». Cette année, décision a été prise d’en transférer le siège à Pékin. Deux milliards de dollars seront investis en Chine et six centres de recherche y seront installés.
L’année dernière, General Electric a engrangé 5,1 milliards de dollars aux Etats-Unis mais les niches fiscales en vigueur ont permis de ne payer aucun impôt au Trésor américain. Quant à l’argent gagné à l’étranger, il est placé là où les conditions fiscales sont les meilleures. Pour ce qui est de l’emploi, rappelons que G.E. a moins de salariés aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Cela n’a pas empêché Barack Obama de nommer Jeff Immelt (président de G.E.) à la tête d’une commission chargée de définir des politiques propres à créer des emplois. Un membre du Club connu pour son mauvais esprit commente : « sans doute Obama a-t-il oublié de dire dans quel pays il fallait créer des emplois ».
La remarque a été répercutée aux Etats-Unis où l’un de nos correspondants a répondu « 1) Immelt, précisément parce qu’il connaît les questions, est bien placé pour trouver des réponses ; 2) il y a de bonnes et de mauvaises délocalisations : bonnes sont celles conçues pour se rapprocher d’un vaste marché, mauvaises sont celles qui, pour des profits temporaires, handicapent durablement des productions nationales ; 3) la multiplication de sous-traitants situés dans divers pays accroît les risques de blocages (tremblements de terre, inondations, troubles sociaux, etc.), les relocalisations peuvent donc être gage de stabilité ; 4) les multinationales commencent à se rendre compte qu’elles ont intérêt à ne pas désespérer les électeurs occidentaux. Elles seraient les premières à souffrir d’un retour au protectionnisme ».
Un autre correspondant ajoute : « Apple dispose de cinquante milliards de dollars accumulés à l’étranger. Google et Microsoft ne sont pas en reste. General Electric non plus. Cela ne les empêche pas d’investir aux Etats-Unis mais cela donne mauvais esprit et nourrit « l’indignation » populaire. De plus, cela prive le gouvernement américain de recettes et le marché des capitaux de liquidités ».
Nul doute : une nouvelle pensée économique est en gestation.
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