La situation en Iran est si complexe, les forces en présence sont si nombreuses que personne ne peut prétendre détenir la clef permettant d’expliquer le présent et de prévoir l’avenir. Contentons-nous donc de chercher une clef ou plutôt un fil conducteur.
Tout se passe, depuis des années, comme si nous assistions à une lutte entre les deux personnalités les plus importantes du pays : Khamenei, le « Guide », et Rafsandjani, le tireur de ficelles. En 2005, Khamenei a inventé Ahmadinejad pour empêcher Rafsandjani de redevenir président. En 2009, Rafsandjani a inventé Moussavi pour contrer Ahmadinejad et abaisser Khamenei. Il a perdu mais s’est cru assez fort pour dénoncer les méthodes employées. Ses proches – jusqu’à son propre fils – ont alors eu des ennuis policiers et judiciaires. Depuis, on ne l’entend plus. Quand tous ses amis seront, à leur tour, devenus silencieux, l’heure aura sonné d’une réconciliation apparente.
Avec Ahmadinejad à la présidence et les frères Larijani aux commandes de la diplomatie et du parlement, Khamenei tiendra assez de fils pour se permettre une normalité relative. Le Guide et ses acolytes pourront faire figure d’interlocuteurs suffisamment crédibles pour prendre contact avec Obama et, si tout va bien, aboutir au fameux « grand bargain » dont ils rêvent depuis près de dix ans.
Après un délai de prudente décence, Obama cherchera, sans doute, à persuader l’opinion américaine que le moment est venu non seulement d'amorcer mais de conclure une vraie négociation. Il a besoin de l’Iran pour sortir d’Irak et se dépatouiller en Afghanistan. Les mollahs le savent et en profitent.
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