Quand plusieurs signaux faibles se mettent à converger, il est permis de croire qu’une tendance lourde est en train d’émerger. Ainsi en va-t-il de la culture du résultat dans l’action humanitaire.
En 2006, plutôt que de lancer sa propre fondation, Warren Buffett a consacré la gigantesque somme de trente milliards de dollars à la fondation créée par Bill Gates. Raison invoquée : « Il va être plein temps là-dessus et sera plus efficace que je ne pourrais l’être ». De fait, le fondateur de Microsoft apporte à son nouveau « métier » le professionnalisme dont il a fait preuve dans les systèmes d’exploitation et les logiciels. Sa première « lettre annuelle » se lit comme un compte de résultats et avance, pour le moyen terme, des objectifs chiffrés, en particulier sur la diffusion des vaccins en Afrique et la lutte contre la malaria.
Les milieux universitaires adoptent la même approche et multiplient les études de terrain pour mesurer la productivité de différentes techniques d’aide. Une Française, Esther Duflo, est ainsi devenue une vedette tant aux Etats-Unis où elle enseigne qu’au Collège de France dont elle est la dernière recrue. Dans un entretien, récemment accordé au Nouvel Observateur, Mme Duflo donne un exemple illustrant sa méthode. Selon elle, la distribution de médicaments vermifuges pour déparasiter les enfants en Afrique est le moyen le moins cher et le plus efficace pour réduire l’absentéisme à l’école : « Cela coûte 50 centimes par an et par enfant mais augmente d’un quart leur temps de présence à l’école ». La tendance est claire : des « entrepreneurs sociaux » vont orienter et mettre en oeuvre la philanthropie.
Commentaires
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Merci Monsieur Ullmann pour votre billet qui met en évidence ce
qu'on commenc à désigner en effet sous le terme générique
de "Social Business".
Si la véritable mission du "business" n'est pas simplement d'enrichir quelques personnes mais de permettre d'avoir des "revenus de leur
travail" à beaucoup de personnes en contrepartie de produits ou de services apportés à d'autres personnes (clients) alors Bill Gates en apportant
son professionnalisme à une Fondation (une association) nous
montre la voie d'une possible nouvelle croissance !
Je recommande à chacun de lire l'excellent ouvrage du prix Nobel Muhammad Yunus, intitulé "Vers un nouveau capitalisme"
(JC Lattès)pour s'en faire une idée concrète ...
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C'est déjà le cas en temps normal, mais surtout en temps de crise, il est logique de chercher à optimiser les processus et à rentabiliser au mieux ses activités, qu'elles soient de nature lucratives ou philanthropiques.
Le cas tout récent d'une association genévoise de soutien aux familles d'enfants atteints du cancer dont le dirigeant a disparu, emportant avec lui le tiroir caisse (1 million de francs suisses) ce qui a provoqué la dissolution de l'association, suscite l'indignation et conforte le citoyen dans l'idée qu'il faut remettre un peu d'ordre dans tout cela. La notion de transparence est déjà un pas important, mais la nécessité d'obtenir des résultats et de le montrer non aux actionnaires mais aux donateurs est devenue le seul moyen de renforcer la confiance de ces derniers.
Comme l'a pertinemment exposé Warren Buffet, créer une enième association caritative n'est pas la bonne solution, mieux vaut renforcer une association qui fonctionne et est déjà reconnue. Cela évite une duplication onéreuse des fonctions administratives, de gestion et de communication, et permet des économies d'échelle.
Reste ensuite à s'assurer que celle-ci sera apte à tenir ses objectifs de transparence, d'information aux donateurs, de résultats et de productivité dans le temps.
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