« Conçu au départ pour les couples non stériles, confrontés à un problème de maladie grave, génétique ou chromosomique, d'obtenir après fécondation in vitro, l'implantation d'un embryon certifié exempt de la maladie redoutée, le diagnostic préimplantatoire (DPI) a tendance à se généraliser. » C’est ce que nous écrivions dans "La dictature du gène" en février 2007. A l’époque, Didier Sicard, Président du Conseil Consultatif National d’Ethique (CCNE) s’inquiétait de cette banalisation.
Il est vrai que le nombre d’affections pouvant être identifiées n’a cessé de croitre.
En France, la loi, plutôt restrictive, dispose que le DPI ne peut concerner que la recherche des gènes associés à des maladies « d’une particulière gravité... et incurables au moment du diagnostic ». Selon l’Agence de la biomédecine, les principales sont la mucoviscidose, la chorée de Huntington, l’hémophilie, certaines formes de myopathies et de handicaps mentaux.
En Grande Bretagne, les autorités de santé britanniques, plus libérale, ont décidé, dès 2006, d’étendre le dépistage aux gènes responsables de cancers dits "familiaux" tels les cancers du sein, des ovaires et du côlon. Aujourd’hui, un nouveau pas semble franchi dans la sélection génétique des embryons humains conçus par fécondation in vitro. Selon le quotidien The Times, des chercheurs britanniques ont mis au point une technique permettant de déterminer de multiples caractéristiques de prédisposition à de nombreuses affections à partir de l’analyse d’une seule cellule embryonnaire. Grâce aux nouvelles techniques de séquençage à haut débit et sur la base des récents progrès de la génétique, l’équipe britannique assure pouvoir identifier les gènes associés à une prédisposition au diabète, à certaines affections cardiovasculaires ou encore neurodégénératives. Ce procédé qui vient d’être soumis aux autorités pourrait être commercialisé dès le début de l’année 2009. Son coût ? 1 500 livres ou près de 1 900 euros.
Cette annonce relance la controverse éthique sur les risques de dérive "eugéniste" liée à l’extension sans fin du DPI. Selon le professeur François Olivennes, des garde-fous existent. Le premier est naturel : tous les couples ne seront pas prêts à subir les traitements lourds nécessités pour la réalisation d’un DPI. Le second est opérationnel : pour chaque FIV, le nombre d’embryons ne peut excéder la dizaine et trouver, sur ce nombre, un embryon indemne de "tout" peut s’avérer mission impossible. Le troisième enfin est institutionnel : cette pratique est, malgré les différences d’approche, relativement encadrée dans la plupart des pays.
Le vrai risque de dérapage est ailleurs. Comme pour les paradis fiscaux, on peut craindre la création de paradis du DPI où seul l’argent de couples en mal d’enfant "parfait" comptera.
Commentaires
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y a-t-il un gène "Tangui"? - à éviter
un gène "Kerviel"? - à éviter quoi que retrouve rapidement un emploi
un gène "Einstein"? - envers et contre tous...
:) amusant...
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Merci pour le trait d'humour par temps de grisaille à tous les étages !
Un gène "Tanguy" à éviter pourquoi pas ? Quoique lorsqu'on pense à la mamma "méditerranéana", on en doute.
Le gène "Kerviel" peut faire des émules : la fin justifie les moyens, surtout comme vous l'annoncez "on retrouve facilement un boulot.
Le gène "Einstein" en revanche n'a plus la cote aujourd'hui à moins que ... ce soit un "Einstein" de la finance !
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