Normes et standards : quand l’Asie s’éveillera

Imposer une norme, revient, dans un contexte mondialisé, à s’assurer un bénéfice immédiat en terme économique et stratégique. L’Europe, malgré quelques beaux succès industriels, à l’instar du GSM qui a su s’imposer sur tous les continents, est à la traîne. Dans ce domaine, ce sont les Etats-Unis qui, grâce à leur suprématie en termes d'innovation et de maîtrise de l'information, tiennent le haut du pavé. Ils sont à même de proposer leurs propres normes ou bien d'en créer de nouvelles et de les rendre indispensables aux yeux de tous. Cela va-t-il durer ? Rien n’est moins sûr.

Le réveil de l’Inde et de la Chine risque d’être brutal. Avec une population locale se dénombrant en milliards d'individus, ces deux pays n'auront aucun mal à définir et à appliquer leurs propres normes. Cela a déjà commencé en Chine notamment avec la norme TD-SCDMA, équivalent de l’UMTS européen. On peut de ce fait parier que, globalisation et essor des nouvelles technologies de communication et de l'information aidant, ces pays, à forte croissance, ne tarderont pas à proposer leurs propres normes à l'ensemble de la planète, au grand dam des Américains et Européens.

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Commentaires

L'exemple qui me vient à l'esprit pour accéditer cette thèse est le DVD. Un lecteur vaut aujourd'hui environ 50 Euros. De mémoire, la seule licence donnant droit à fabriquer et utiliser le logo DVD revient à 15 Euros. Bref, le coût de fabrication d'un lecteur ne représente que quelques Euros! Les asiatiques ont vite compris que leur intérêt serait d'imposer leur norme car c'est bien là qu'il y a le plus à gagner.

Vous soulevez là un point important voire primordial dans l'évolution de nos économies. La dématérialisation est de plus en plus présente, les sociétés l'ont bien compris, et la propriété intellectuelle représente un enjeu majeur. Nombre d'acteurs industriels ont saisi l'opportunité et tendent à réduire leurs efforts de production tout en augmentant leurs efforts de Recherche et Développement, avec l'objectif avoué de déposer le plus possible de brevets afin de contrer la concurrence et de pouvoir bénéficier de confortables royalties sans pour autant avoir à subir les aléas de la production. Parmi les nombreux exemples récents, citons simplement Apple qui s'est vu réclamer 100 millions de Dollars par la société Creative Labs, cette dernière ayant déposé en 2001 un brevet décrivant l'ergonomie du baladeur iPod.

Dans le domaine des technologies de l'information (les fameuses NTIC), de telles batailles juridiques sont légion et font les choux gras de la presse lorsque Microsoft ou d'autres éditeurs réclament leur dû à coups de millions de dollars. Cela est aussi le cas dans tous les secteurs de pointe, que ce soit en biotechnologies, industrie automobile et autres...

Là où toute cette effervescence devient intéressante, du moins du point de vue de l'analyste, c'est lorsque que le débat se transpose en Asie ou plus généralement vers des zones franches où la notion de propriété intellectuelle reste floue.

A titre d'exemple, voici une petite anecdote non sans conséquences :
La société américaine Cisco, numéro 1 mondial des équipements réseaux informatiques, a comme bien d'autres sociétés et pour des raisons évidentes de rationalisation des coûts, délocalisé sa production en Chine. Bien mal lui en a pris, car voici quelques années une société chinoise dénommée Huawei s'est mise à proposer une gamme d'équipements réseaux informatiques strictement similaires aux équipements Cisco. Même la documentation était identique, pour un produit à moindre coût bien entendu. Quid des brevets que Cisco avait déposés et qui devaient en principe permettre d'éviter un tel souci ? Nul ne saura, et Huawei aura finalement gain de cause. Cisco, grand perdant, devra admettre qu'il est parfois bien risqué de délocaliser sans prendre quelques précautions.

A méditer.

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