Livres à la coupe

livres.jpgPlus de la moitié des étudiants français n’ont jamais mis les pieds dans la bibliothèque de leur université. Pour leurs mémoires, leurs thèses, voire même leurs doctorats, c’est sur Internet qu’ils cherchent leur « doc ». C’est sans doute pareil aux Etats-Unis car Amazon envisage de lancer un système d’achat de livres à la page ou par chapitre. Certains s’indigneront devant ce qu’ils considèreront comme la destruction d’un objet de culture. D’autres trouveront normal qu’un écrit soit disséqué en fonction des sujets abordés et des références qu’il contient.

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Commentaires

Comme toute innovation, cela est à la fois profitable et gênant.

Du côté des avantages, le livre à la page permettra d'augmenter le niveau qualitatif des futurs ouvrages qui ne pourront plus se permettre d'être en deçà d'un certain seuil de qualité, tant sur le contenu (afin que les "pages" se vendent bien) que sur le contenant lorsqu'il est imprimé (afin que les ventes papier continuent malgré tout). Cela permettra également l'accès à l'information pour un nombre plus grand d'individus, et évitera la frustration (vécue pour ma part) d'avoir à acquérir un ouvrage volumineux pour les quelques pages intéressantes qui s'y trouveraient.

Du côté des inconvénients, le fait de sortir des extraits du contexte d'un livre n'est que rarement apprécié par l'auteur et l'éditeur pour des raisons que l'on comprend parfaitement. De plus, comme mentionné ci-dessus, les étudiants ont de plus en plus tendance à utiliser Internet pour leurs travaux, et le risque de plagiat n'est pas écarté compte-tenu de la facilité à le faire.

Troisièmement sur le plan quasi-symbolique, voire émotionnel, un ouvrage papier représente une certaine valeur palpable, tant pour son propriétaire que pour l'éditeur. Il va de soit qu'une dématérialisation complète des ouvrage serait dommage car elle retirerait le aussi bien le plaisir que l'on obtient en feuilletant un beau livre, que le côté pratique et plus maniable que représente le livre imprimé.

Cela étant, il me semble important de souligner que si la fin du livre imprimé n'est heureusement pas pour demain, il convient de rester vigilants sur l'évolution de la mise à disposition des ouvrages sous forme numérisée. En effet, la mise à disposition de pages numérisées dans un premier temps, est un bon moyen d'introduire progressivement la notion d'ouvrage totalement numérisé dans les usages (cela existe certes depuis longtemps, mais est finalement assez peu utilisé). Le risque que le lectorat bascule progressivement de l'ouvrage papier vers l'ouvrage numérisé, puis la diminution progressive des livres au format papier, augmenterait encore plus notre dépendance aux technologies, et à une interconnexion permanente. Que ferait-on alors en cas de désastre technologique, ou d'un contrôle abusif de la diffusion de ces documents ? Serions-nous alors laissés sans accès au savoir ?

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