Le refus d’honorer les victimes de Charlie Hebdo n’est pas marginal. Les analyses paraissent, la presse relate les incidents dans les écoles. Au-delà des provocations, de l’immaturité, une tendance apparaît, c’est une incompréhension de la loi. La loi positive (pourquoi Dieudonné et pas Charlie Hebdo ?) et, exceptionnelle mais plus grave, de ce que la science politique appelle la loi naturelle, c’est-à-dire des principes qui s’imposent à tous et partout et notamment un : on ne tue pas.
Pas étonnant, dans ces conditions que l’incompréhension de la laïcité soit profonde.
La situation est grave et l’effort à accomplir considérable. Pour en prendre la mesure il est utile de se rappeler ce que fut le combat pour imposer ce principe.
Il a fallu plusieurs décennies et un combat féroce quand les Républicains remirent en cause, à partir des années 1870, le concordat de 1801 qui laissait l’enseignement aux mains de l’Eglise. Ce combat a forgé l’image des hussards noirs et plus profondément l’ADN de l’éducation républicaine : dans la sphère publique libérée de la pression des religions la raison et les individualités s’épanouissent. L’ADN n’a pas changé. Malgré le désarroi, n’importe quel professeur interrogé fait revivre ce crédo.
Les cultures peuvent coexister. L’église catholique a conservé une emprise considérable sur la société jusqu’au milieu des années 60. Pour les mœurs familiales ou les questions d’éthique la boussole pointait le clocher de l’église mais le ralliement avait eu lieu ; depuis cinquante ans les enfants allaient à l’école laïque sans contestation.
Aujourd’hui un groupe est en dehors. L’effort à accomplir est au moins aussi important. Les profs sont prêts à tenir le rôle que la République leur assigne. Ils doivent sentir la force collective. Sans elle, les menaces, les provocations et la concurrence du mauvais internet seront insupportables. C’est notre confiance commune dans le modèle républicain qui passe à travers eux. Les professeurs sont chargés des enseignements, nous sommes tous chargés de l’éducation.
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