Classé monument historique, l’hôtel Lambert situé à la proue de l’île Saint-Louis a été racheté, en 2007, par Hamad Ben Khalifa-al-Thani, frère de l’émir du Qatar.
Depuis, la décision prise par le nouveau propriétaire de "restaurer" ce joyau parisien du XVIIe siècle qui comprend des éléments rajoutés au XVIIe et au XIXe fait l’objet d’une âpre contestation.
D’un côté, l’association Paris historique met en cause le parti pris de l’architecte du prince qatari d’un "retour" au XVIIe impliquant la suppression des éléments du XVIIe et du XIXe mais aussi des modifications substantielles notamment des sous-sols et du jardin classés... De l’autre, Hamad Ben Khalifa-al-Thani semble sûr de son bon droit d’autant qu’il a confié la restauration de l’ensemble à Alain-Charles Perrot qui n’est autre que… l’architecte en chef des monuments historiques (ACMH), chargé, en tant que représentant de l’Etat, de la sauvegarde et de la protection des monuments classés.
Sans préjuger de l’impartialité de l’architecte, cette double casquette n’en est pas moins extrêmement embarrassante.
Commentaires
Permalien
Compte tenu des propos que tenait cet architecte, réputé intègre, il y a à peine 3 ans, la relation avec ce client « embarrassant » ne lui serait-elle pas « imposée » ?
Les « relations d’entraide » entre le Qatar et la France à l’occasion d’une affaire récente auraient pu en être le cadre …
Le nouveau ministre de la culture n’a pas voulu s’exprimer lors de l’audience du 23 août 2009 (« Interrogé par l'AFP, le ministère de la Culture a indiqué qu'il serait représenté à l'audience et qu'il ne souhaitait pas s'exprimer avant la décision du tribunal)…
Pour mémoire, Il y a à peine 50 architectes en chef des monuments historiques en France.
C'est une fonction à laquelle on parvient par un concours organisé par le ministère de la Culture, qui teste aussi bien les qualités d'architecte que les connaissances en histoire de l'art et histoire des techniques. A l'issue de ce concours, l'architecte en chef des monuments historiques peut s'installer à son compte et travailler avec des clients privés, mais il a surtout la responsabilité des monuments classés de la région, avec comme devoir de les suivre….
Ils se voient confier un monument classé, sélectionné par l'Etat comme étant une œuvre d'art inaliénable.
Ils sont donc très loin de pouvoir faire n'importe quoi…
Leurs activités sont encadrées par des règles éthiques et des valeurs dictées par des codes internationaux tels celui de l’UNESCO.
Toutefois, ici comme ailleurs, il semble « sur-humain » de devoir être l’avocat et le conseil, dans une même affaire, de deux clients dont les visions et les intérêts sont potentiellement contradictoires !
La Justice "indépendante" pourrait-elle bien dédouaner tous les acteurs impliqués ?
GM
Ajouter un commentaire