L’Union Méditerranéenne, telle que l’avait rêvée Nicolas Sarkosy, n’existera pas : les pays de l’Union Européenne non riverains s’y sont opposés. « L’Union pour la Méditerranée » que, faute de mieux, Nicolas Sarkosy lance avec solennité, risque de souffrir à la fois de gigantisme et de paralysie.
Le Président de la République française, pourtant, veut du concret. Au départ, il avait fait référence à ce qu’il avait appelé la « méthode Monnet ». Il avait même explicitement cité la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier qui, en guise de première étape, avait seulement réuni six pays sur un projet commun portant sur seulement deux produits.
Pour la Méditerranée, il y a tellement de choses à faire que plusieurs projets communs peuvent être nécessaires. Il faut cependant reconnaître que tous les projets n’intéressent pas forcément tous les pays en même temps. Il serait donc souhaitable de prévoir plusieurs « coopérations renforcées » au sein de l’Union Européenne. Le même principe s’appliquerait aux pays de l’autre rive et, selon les secteurs, les premiers participants ne seraient pas forcément les mêmes. Ainsi, les pays qui, au Nord comme au Sud se mettraient sur la ligne de départ pourraient fixer entre eux les règles du jeu étant entendu que les autres membres des deux rives seraient invités à adhérer ultérieurement.
Un tel cheminement permettrait d’écarter un risque et de saisir deux chances :
Ø Le risque écarté serait celui de l’enlisement dans un « machin » dont les structures seraient lourdes et dont les réalisations dépendraient de financements compassionnels.
Ø La première chance viendrait de l’égalité entre partenaires. Dans les années 1950, la CECA aurait été un échec si l’Allemagne (vaincue) n’avait pas eu les mêmes droits et les mêmes devoirs que la France. En ce qui concerne l’Europe-Méditerranée, l’égalité doit être assurée entre « riches » et « pauvres ». D’où la nécessité que, dans chaque secteur, les ressources financières découlent d’un critère précis et acceptable par tous. Ce critère devrait, bien entendu, être choisi de telle sorte que les riches payent bien davantage que les pauvres.
Ø La seconde chance serait l’exemplarité. L’Europe a été pionnière de la construction communautaire. Si l’Europe-Méditerranée pouvait, à partir d’une institution nouvelle, devenir un modèle à vocation mondiale, elle gagnerait ses lettres de noblesse car les institutions internationales, conçues pour la plupart à la fin des années 40, sont nécessaires mais insuffisantes. Il devient urgent de planter une nouvelle graine en choisissant, pour commencer, un secteur restreint. L’eau serait un vecteur symbolique : des populations migrent pour fuir la sécheresse ; l’eau polluée tue 15.000 personnes par jour (plus que le sida). Emotionnellement c’est intolérable. Rationnellement, la nécessité de l’action crève les yeux. Guerres et paix, agriculture et mégalopoles, santé et développement, tout ne dépend pas de l’eau mais l’eau affecte tout.
Quelques pays du Nord et du Sud de la Méditerranée pourraient, sur ce terrain, planter une graine d’où sortirait une institution mondiale d’un genre nouveau.L’institution, dont les contours seraient définis par les premiers partants, serait dotée de réels pouvoirs et disposerait de moyens financiers.
Le Club des Vigilants a travaillé la question depuis presque deux ans et les contacts qu’il a déjà pris montrent que des pays situés très au Sud de la Méditerranée pourraient être intéressés. Les fils du désert connaissent la valeur de l’eau. Et certains ont à se faire pardonner la valeur du pétrole.
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