Un service civil obligatoire de six mois est une utopie pure. Aucun gouvernement, mis au pied du mur, ne pourrait l’organiser. Faut-il, pour autant, considérer que la situation actuelle est satisfaisante, tant sur le plan de la défense militaire que sur celui de la défense civile ? Je ne le crois pas. Pas du tout.
Quels sont les besoins opérationnels non satisfaits ? Quelles sont nos insuffisances les plus criantes pour nous adapter aux « circonstances », comme disait le général de Gaulle ? En ces temps de menaces terroristes, le manque le plus grave est l’absence de « réserve de la République ». Sans service militaire, sans instruction militaire, il n’y a pas de « Réserves » dignes de ce nom et pas de défense du territoire français.
Supposons un attentat contre un dépôt de produits chimiques mortels ou un barrage. Après un tel cataclysme, le gouvernement voudra garder tous les endroits dangereux. Mais qui mobiliser pour ces gardes statiques ? Les policiers, les gendarmes, l’armée d’active n’auraient pas les effectifs nécessaires.
A mon avis, la solution peut se trouver par la mise en place d’une instruction obligatoire de défense militaire et civile de quelques semaines. Le but serait de donner la capacité, non de guerroyer Outre-mer, mais de garder des dépôts de munitions, des avions …
Dans le système que je préconise, l’instruction dispensée serait raccourcie par la suppression de l’apprentissage aux défilés. L’ordre serré n’a plus de justification depuis la fin des charges de cavalerie ! En revanche, l’instruction militaire serait complétée par une initiation à la Défense civile : secourisme, gestes qui sauvent, réactions en cas d’alerte chimique ou nucléaire (bombe sale)...
Après ces classes, les Français seraient capables d’être mobilisés pour former, à la demande, une sorte de Garde nationale à la disposition du gouvernement. L’instruction dispensée à vingt ans serait entretenue par des « périodes » de quelques jours, par exemple tous les cinq ans.
Certes, une telle instruction demeurerait obligatoire et ne serait sans doute pas prisée par tous les jeunes Français. Certes, il faudrait recréer sinon des casernes, du moins des centres d’entraînement aérés. Certes, il faudrait trouver des instructeurs militaires et civils (pompiers, secouristes…). Rien ne serait facile. Mais un « service » voisin d’un mois serait quand même beaucoup moins lourd à organiser que le service antérieur ou même que le service civique de six mois proposé par certains. Il aurait, en outre, l’avantage de rendre réellement service au pays tout en donnant à tous les jeunes Français la possibilité de sortir de leur milieu et de s’ouvrir vers d’autres lieux, d’autres classes sociales.
Pour lancer la machine, pour ne pas heurter trop vite les habitudes acquises, d’aucuns pensent qu’il vaudrait mieux commencer par une simple instruction volontaire ? Ce serait sûrement mieux que rien. Mais ce serait dommage, car il n’y aurait plus de mixité sociale.
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