La France vaut tout juste « 1 euro symbolique »

071113-Euro.jpg Il est frustrant de voir la place des pays mesurée à l’unique aune de leurs performances économiques. Selon ces critères, et notamment celui de la croissance du PIB, on peut avoir l’impression que la France fait du surplace voir recule. Or, à l’image des actions dans le monde de la finance, quelque soit la valeur intrinsèque d’une entreprise, quand il n’y a pas de progression, on a envie de vendre. Parfois de vendre à tout prix. La France ne vaudra-elle plus bientôt qu’« 1 euro symbolique » ?

Souvenons nous que sur des critères purement comptables, Alain Juppé voulait il y a 11 ans se défaire du fardeau de Thomson, alors entreprise publique, «pour 1 franc symbolique». 

L’opération n’a pas réussie, notamment grâce au travail de valorisation du capital immatériel de Thomson. Thomson c’était une histoire, des brevets, des savoir-faire, des experts et des ingénieurs, des capacités d’innovation, … 

Depuis, Thomson est devenu Thales, un acteur majeur de la Défense, de l'Aéronautique et de la Sécurité. N'oublions pas que Thales est le dieu de la guerre chez le Grecs anciens.  

La France ne serait-elle pas aujourd’hui, comme Thomson à l’époque, complètement sous valorisée ? Et ne suffirait-il pas d'un sursaut de « valorisation », pour rappeler que son histoire, sa culture, ses élites, son position géographique, la qualité de vie que l’on y trouve, … sont inestimables ! Ce qui n’empêche pas de réformer ce qui doit l’être !    

Il y aurait là, pour la France, une bataille importante à mener. 

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Commentaires

Hélas, la vision comptable ou "financiarisée" que vous soulignez a tendance à s'immiscer dans tous les aspects de la vie humaine. Dans l'économie d'abord, ce qui après tout peut être considéré comme normal - même si certaines exigences de rentabilité font fi des différences sectorielles et deviennent complètement déraisonnables -, mais aussi dans des domaines que l'on croyait jusqu'ici échapper à cette logique purement financière.

L'exemple de la discussion sur l'Education nationale est révélateur. La transmission des savoirs (école, université...) est jugée sur le retour sur investissement. On peut penser que c'est normal d'évaluer l'efficacité du système éducatif par le ratio Dépenses/réussite des élèves. Mais penser que le graal de la réussite passe par le formatage des enseignements aux supposés débouchés des marchés et aux besoins des entreprises est aberrant. Les besoins d'aujourd'hui ne seront jamais ceux de demain. Et à vouloir, à tout prix, se caler sur ceux d'aujourd'hui, on risque de ne pas voir venir ceux de demain.

Le domaine de la santé n'échappe pas à ce prisme. La marchandisation est en marche. Elle pénètre tous les aspects de la vie humaine. A ce rythme, c'est la grande majorité de l'humanité qui risque de ne valoir qu'un "euro symbolique". la fameuse règle des 20/80 chère aux élites politiques et économiques du monde...

Bonjour Madame,

Merci pour votre commentaire.
Je pense néanmoins que les aspects marchands imprègnent tous les aspects de la vie, et cela depuis la nuit des temps. Les premiers hommes ont sans doute commencé à « se parler » parce qu’ils voulaient échanger (troquer) une peau de bête contre une récolte de fruits. Et tant mieux.

Mon propos ne vise pas à remettre cela en cause, mais à insister sur l’importance d’une prise en compte globale de ce qui peut faire la valeur d’une « entité ». D’où le parallèle entre notre pays, et cet exemple édifiant d’une entreprise sous-valorisée et qui est aujourd’hui « en pleine forme ».

Les problèmes arrivent pas à cause d’une marchandisation de ce que ne doit pas l’être, mais parce que les critères de valorisation sont mal pondérés, et que des critères financiers masquent complètement des critères culturels, géographiques, sociaux, …
La marchandisation n’a rien de négatif … si elle est bien faite.

Quant au formatage des enseignements sur des débouchés supposés, ce n’est pas le même problème. Et je pense comme vous qu’il y a un manque de souplesse dans le système actuel. Preuve d’un stress vis-à-vis d’un monde que « nous » avons du mal à appréhender.

Cordialement,
Jérôme Bondu
http://jerome-bondu.over-blog.com/

Bonjour
La « valeur » d’une entreprise telle qu’on la cite à tout crin dans notre société marchande est sa valeur boursière du moment. Cette valeur est celle que des acheteurs de titres sont prêts à payer le jour de la cotation ; ils s’intéressent à ce titre parce qu’ils ont un certain espoir de dividendes avec ce titre ou une perspective de plus value si revente à terme. Telle est la règle du jeu du système boursier.
Ceci n’est qu’un aspect, très incomplet et très fluctuant, de ce que vaut réellement cette entreprise par le jeu des acteurs qui influent sur sa valeur.
En effet d’autre acteurs, par leurs décisions financières, pèsent significativement sur la valeur de l’entreprise :
Ce sont d’abord les clients, qui passent des commandes ou des contrats, à des prix qui comportent plus ou moins de marge pour l’entreprise.
Ce sont enfin les salariés, et en particulier les dirigeants, qui se font embaucher, restent ou quittent l’entreprise. Par leurs salaires d’une part, qui est un coût pour l’entreprise, et par leur travail d’autre part, qui est la ressource la plus importante pour cette entreprise, les salariés en constituent la véritable valeur durable. Bien qu’il ne soit pas « politiquement correct » d’affirmer « qu’une entreprise vaut d’abord ce que ses salariés valent et sont capables de créer », la réalité économique est bien là.
Mais qui pourrait affirmer cette valeur sans attirer immédiatement des contestations ? Personne. La moins mauvaise solution qu’on ait trouvée pour faire fonctionner le marché, c’est la cotation en bourse. Et il ne faut pas pour autant désespérer du système.

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