J'ai bien peur que la France ne prenne le risque de rejoindre courageusement les pays du sud de l'Europe (la frontière se situant désormais à la hauteur du parallèle qui sépare les wallons des flamands) si la politique annoncée par le nouveau président de la République est appliquée à la lettre.
Il en aurait, dans une large mesure, peut-être été de même, si son adversaire avait été élu tant il est difficile de parler vrai (rigueur) en période électorale et d'agir ensuite à l'opposé :
Les déficits vont se résorber lentement, trop lentement, et seront à la merci d'un rebond des taux d'intérêt longs.
Le redémarrage de la croissance va relever du wishfull thinking avec un train de mesures plus proche de l'homéopathie que du traitement de cheval qui est, là aussi, nécessaire.
En d'autres temps, un Pinay, un Michel Debré, un Pierre Mendès France, un Georges Pompidou, un Pierre Mesmer auraient pris le taureau par les cornes, commencé à réduire sérieusement le nombre des fonctionnaires dont le poids va faire caler notre moteur économique, la ponction de l’État sur la richesse nationale produite, stabilisé (au mieux) le niveau de vie moyen des français pour redresser notre compétitivité. Lesquels français auraient repris confiance, consommé une partie de leur considérable épargne le reste servant à financer les investissements des entreprises qui devinant un coin de ciel bleu à l'horizon auraient enfin repris leur marche en avant.
La rigueur n'est pas longtemps synonyme de stagnation car elle crée la confiance, maître mot en économie politique. Elle est le préalable à la remise en route de la croissance qui conjugue toujours consommation et investissement.
Dans dix huit mois, deux ans, trois ans au maximum, un gouvernement de salut public (qu'il soit de gauche ou transversal - j'aimerais tellement car il témoignerait d'une démocratie apaisée -provoquera le sursaut d'un pays qui en a vu bien d'autres.
Citoyens du monde aidez nous à faire preuve de courage et gardez nous votre bienveillance. Elle nous sera précieuse pour rebondir une nouvelle fois.
Ora pro nobis.
Bernard Esambert
Ancien conseiller économique de Georges Pompidou
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