Un renouveau est nécessaire. Chacun le sait ou, plutôt, le sent. C’est une des raisons pour lesquelles la venue du Pape François a éveillé tant d’échos. Chez les catholiques bien sûr mais aussi sur tous ceux pour qui le cumul des menaces n’est pas soluble dans la seule technique.
De nombreux membres du Club, quelle que soit leur croyance, sont de ceux là. Je me souviens, par exemple, qu’au printemps 2009, certains d’entre nous se sont demandé par quels moyens pourrait se construire un nouveau paradigme. Ci-dessous, l’essentiel d’une note que j’ai écrite à cette époque pour exprimer les positions de Bernard Esambert, Jacques Blamont, Alain de Vulpian et moi.
« Bernard Esambert note que « la planète a pris la route des choses, oubliant celles de l’esprit ». Il pense que les autorités morales (y compris mais pas seulement religieuses) devraient se réunir en « cénacle » pour élaborer un « code éthique ». Il ne précise pas qui devrait prendre l’initiative ou comment pourrait s’enclencher le processus[1].
Jacques Blamont estime que seule l’église catholique dispose des moyens nécessaires : ses ramifications sont universelles ; sa logistique est puissante ; son chef pourrait convoquer un concile qui, pour une fois, serait œcuménique. Dans cet esprit, Jacques Blamont a écrit la majeure partie d’un livre qui sera bientôt publié[2] et a entrepris des premières démarches auprès du Vatican.
Alain de Vulpian pense que de nouvelles valeurs et une nouvelle morale sont déjà en construction et se propagent via d’innombrables réseaux. « La révolution des esprits et le changement de paradigme sont en cours. Le problème ne me paraît pas de les inventer mais de les renforcer ... afin de gagner la course qui s’installe entre les menaces et nos capacités de réponse ». Dans ce contexte, il compte davantage sur Internet que sur Benoît XVI.
Marc Ullmann croit que ces approches ne sont pas opposées mais complémentaires. L’intelligence collective peut percer les murs d’un concile et un concile, s’il est ouvert sur le monde, peut stimuler l’intelligence collective. Reste à savoir si « hic et nunc » l’Eglise est apte à jouer un rôle de catalyseur » et à s’en contenter. L’image du pape actuel ne plaide pas en ce sens ».
C’était en 2009. Aujourd’hui, c’est différent. Pape François veut simultanément propager sa Foi et respecter la conscience de chacun. Il est conscient des menaces qui pèsent sur le monde et a pris soin de les énumérer dans sa bénédiction « urbi et orbi » du dimanche de Pâques. Il a cité, notamment, « l’avidité de ceux qui cherchent des gains faciles, la traite de personnes, cet esclavage si répandu en ce XXIe siècle, la violence liée aux trafics de drogue et l’exploitation inéquitable des ressources naturelles ». Il a aussi parlé expressément des conflits et insisté sur le mot « paix » qu’il a prononcé cinq fois. Sa propension à faire sortir l’Eglise de ses débats intérieurs et à la projeter vers l’extérieur semble indiquer qu’il est prêt à prendre l’initiative.
Il est trop tôt pour dire si, comme l’espère Blamont, une telle initiative pourrait servir de rampe de lancement à un nouveau paradigme ou si, comme le pense Vulpian, il pourrait être un des vecteurs d’un processus plus général. Une chose, en tout cas, paraît certaine : les oreilles du monde sont ouvertes.
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