Physicien areligieux, Jacques Blamont, auteur de « Introduction au siècle des menaces » (2004), est convaincu que cette Eglise peut jouer un rôle primordial. Fort de l’appui de certains membres de l’Académie des Sciences Pontificales et de divers ecclésiastiques, il mène depuis plusieurs mois une véritable campagne au Vatican. Il est intervenu, mercredi 18 novembre, sur le thème : « L’église catholique peut-elle contribuer au renouveau spirituel dont le monde a besoin ».
Diplômé de l'École normale supérieure, agrégé de sciences physiques et docteur ès sciences, Jacques Blamont a eu le parcours d’un scientifique hors pair. Attaché puis, Chargé de recherche au CNRS (1952-1957), il devient d’abord sous-directeur (1958-1961) puis directeur (1962-1985) du service d’aéronomie du CNRS. Il est par ailleurs, de 1962 à 1972, directeur scientifique et technique du Centre national d’études spatiales (CNES), de 1972 à 1982, Haut conseiller scientifique du CNES et, de 1982 à nos jours, Conseiller du président du CNES.
L’œuvre de Jacques Blamont, consacrée à l'astronautique et à l'astrophysique, est remarquable par des travaux sur l’atmosphère terrestre, le Soleil et les planètes. Après sa découverte en 1959 de la turbopause, puis en 1971 du vent interstellaire et du nuage d’hydrogène des comètes, Jacques Blamont a participé à la plupart des missions planétaires internationales et a joué un rôle de premier plan dans le développement de la coopération en ce domaine.
Responsable de la mise au point des satellites artificiels lancés par la France, il a conçu l’idée dès 1962 de construire un champ de tir spatial à Kourou en Guyane française.
En plus de ses fonctions de direction au CNES, il n’a jamais cessé d’enseigner et a dirigé personnellement de nombreuses thèses.
Ses principaux sujets d'étude ont été les suivants :
1. Découverte en 1956, sous la direction d'Alfred Kastler, du phénomène de cohérence des sous-niveaux atomiques dans un champ de radio-fréquence.
2. Travaux portant sur l'atmosphère du Soleil, de la Terre et des planètes : premières mesures du déplacement Einstein des raies atomiques sur le Soleil, de la température de la haute atmosphère de la Terre, du mécanisme d'évaporation d'hydrogène de la Terre et des planètes, des nuages polaires noctilucents.
3. Découverte de la turbopause de l'atmosphère terrestre (1959), du vent interstellaire (1971), de l'enveloppe des comètes (1971).
4. Promoteur de nombreux programmes de recherche tels le recueil de données par satellite (1963), la géodésie par échos laser (1964), l'étude de la basse atmosphère par ballons étanches (programme Eole) (1971), le sondage vertical de la haute atmosphère par laser depuis 1967, etc.
5. Impliqué depuis les années 1960 dans les programmes spatiaux soviétiques et européens, Jacques Blamont s’est attaché aux missions planétaires et a participé depuis 1972 à la plupart d’entre elles. Il a mis au point et réussi le lancement, en 1985, de ballons dans l'atmosphère de Vénus par les sondes soviétiques Vega. Il a réalisé les travaux préparatoires au lancement, en 1996, de ballons dans l'atmosphère de Mars.
6. En fournissant aux satellites martiens de la NASA un relais des données émises par des véhicules posés sur le sol de Mars, il a permis le recueil de nombreuses informations sur la physique et la géomorphologie de la surface.
7. En fournissant le système de compression d’images, Jacques Blamont a joué un rôle important dans la mission du département de la défense des États-Unis pour l’obtention de la première cartographie digitale complète de la Lune à partir de la sonde lunaire Clémentine (1994). Le système a été ensuite, sous son influence, placé sur les satellites imageurs terrestres, Spot 5 et Hélios et sur les sondes planétaires Mars Express et Cassini-Huygens. Jacques Blamont a reçu de nombreux prix dont la médaille d’argent du Président de la Répub De nombreuses distinctions ont jalonné son travail. Jacques Blamont est ainsi Commandeur de la Légion d'honneur, Grand Officier de l'Ordre national du mérite et Commandeur des palmes académiques. Il a publié chez Odile Jacob : Vénus dévoilée - Voyage autour d'une planète (1987), Le chiffre et le songe - Histoire politique de la découverte (1993-2005), Le lion et le moucheron - Histoire des marranes de Toulouse (2000), Introduction au siècle des menaces (2004) et enfin, avec Jacques Arnould, Lève-toi et marche - Propositions pour un futur de l'humanité (2009).
lique (1967), la NASA Exceptional Scientific Achievement Medal (1972), la Médaille Gagarine de l'Académie des sciences de l'URSS (1985), Von Karman Award de l’International Academy of Astronautics (1989), la Médaille d’or du Centre spatial guyanais (1995) et la NASA Distinguished Service Medal (2000)…
Commentaires
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L’église catholique, présente partout dans le monde, a certainement les moyens et l’expérience nécessaire- si elle le voulait- pour organiser un sursaut quasi révolutionnaire des consciences. Mais elle n’est pas la seule. Par exemple, le Mouvement pour la Terre et l’Humanisme de Pierre Rabhi essaye de fédérer les initiatives de la société civile, en dehors de toute appartenance confessionnelle ou politique.
Bien sûr, les dimensions d’une organisation religieuse millénaire et celles des mouvements citoyens naissants ne sont pas comparables, du moins pas encore. Mais dans tous les cas il s’agit de sauver son âme. Avec la surpopulation et le changement climatique, ce qui menace nos enfants c’est de mourir concrètement de famine, d’inondations, d’épidémie. Mais la civilisation peut aussi mourir spirituellement de honte et de chagrin en abandonnant ses valeurs. Car nous savons très bien qu’il sera de plus en plus difficile de préserver un mode de vie très confortable sans condamner à la misère une partie de l’humanité.
Aujourd’hui déjà, il n’est tout simplement plus possible de concilier la notion de partage que l’on prône chaque dimanche dans les églises et le spectacle des boat- people africains dont les cadavres s’échouent sur nos côtes. Alors oui, il faut une instance non dictatoriale pour organiser le sursaut. Soeur Anne, vois-tu quelque chose au bout de la route qui poudroie ?
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J'aperçois dans ces échanges une convergence naissante avec certains propos que j'avais tenus sur ce blog il y a quelques temps.
" ... La pensée économique et sociale dominante dans le monde me semble plus être reflétée par les conclusions de Hans-Peter Martin et Harald Schumann qui relatent dans leur ouvrage (*) sur la mondialisation, le consensus avéré entre politiques et dirigeants de grandes entreprises lors des Entretiens de Fairmont à San Francisco.
Ce nouveau consensus (plus terrifiant et pourtant crédible) est de lui de «La Société des deux dixièmes».
(*) LIRE "LE PIEGE DE LA MONDIALISATION"
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L'Eglise catholique est de fait une autorité morale mondiale incontestable, experte en humanité, qui a une connaissance intime et exacte de la diversité du monde et des énormes tensions qui le cabrent. Je crois donc, comme Jacques Blamont, qu'elle peut jour un rôle utile dans ce sursaut d'humanité dont la planète a besoin pour survivre aux crises qui risquent de l'amener au seuil de rupture. Mais elle ne peut le faire bien qu'en restant elle même et non en se fondant dans un syncrétisme sans légitimité et sans consistance. L'encyclique Caritas in veritate, et les positions técentes prises en direction du développement durable, vont directement dans cette voie. L'encyclique est révolutionnaire en ce sens qu'elle pose la dimension de gratuité comme structurante dans les relations interpersonnelles, y compris dans les relations économiques. N'est-ce pas là une expression particulièrement nette du "Moins est Plus" évoqué par Jacques Blamont ?
Si l'Eglise ne doit pas se renier pour être efficace, elle est condamnée à être un signe visible, voire béant de contradiction dans l'économie et la société. Dans cette alliance que prône jacques Blamont pour mener le bon combat, il serait nécessaire de l'aider à franchir l'obstacle des postures automatiques secrétées par ceux qui ne souhaitent aucun changement.
Il est dommage à ce titre que tout apprenti journaliste se prenne encore pour un petit Voltaire en pensant que c'est ce qu'on attend de lui.
Après tout, les Lumières et le Christianisme ont la même origine. Ils croient tous deux à la liberté de l'homme dans son rapport avec le monde et avec Dieu. Et si, compte tenu de l'énormité des enjeux (nous sommes la génération qui rendra le monde habitable et accueillant ou définitivement meurtri et violent), les hommes de bonne volonté se respectaient mutuellement au lieu de se jeter des anathèmes, dont le politiquement correct est une forme particulièrement efficace aujourd'hui ?
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