Parmi ceux qui sont autorisés à voter au sein des démocraties historiques, il est un fait avéré et étonnant : le nombre de citoyens qui s'expriment réellement par le vote est, depuis plusieurs années, sur un trend baissier inquiétant.
Nous, les champions de la démocratie, dont les ancêtres se sont battus, souvent au prix de leur vie, pour que tout citoyen adulte puisse voter sans contraintes, semblons bien mal placés pour démontrer par la douce contagion de l'exemple combien nous sommes attachés à cette manière moderne de vivre ensemble de manière apaisée et d'orientier notre destinée collective. A une époque où les dictatures "de droite" comme "de gauche" ne semblent pas sur une voie d'extinction, il peut paraître étonnant que nombre de nos concitoyens se laissent aller ainsi dans la douce torpeur de l'indifférence. Il ne faut pas oublier que voter c'est ce qui distinguait dans les premières républiques, comme celles d'Athènes ou de Rome, ceux qui avaient le recherché statut de "citoyen libre" et non celui de la masse du peuple souvent considéré comme des esclaves bêlants. Pourquoi nos concitoyens dit "modernes" ont-ils perdu ainsi l'un des traits principaux de leur identité ? Certes les représentants élus peuvent les décevoir mais on peut se dire... qu'ils ont été élus et que, jusqu'à présent, ils ne se sont pas autoproclamés par la force des baïonnettes. Alors pourquoi, dans un esprit de changement avec certaines habitudes ambiantes, ne penserions-nous pas à instituer un document de citoyenneté dont l'usage serait associé à l'exercice du droit de vote ? Certes, certains objecteront immédiatement que l'abstention est une forme de vote. On ne peut qu'être d'accord, mais alors pourquoi ne pas le faire clairement et officiellement en demandant à ce que chaque élection propose systématiquement un bulletin de vote libellé dans l'esprit suivant : " Selon moi, aucun des candidats en présence ne mérite mon vote ni le droit de me représenter." De cette manière, chaque citoyen, même en posture d'abstention, aura de fait voté et cela serait plus clair et bien plus responsabilisant pour tous. On pourra alors considérer que son droit citoyen, son "permis de voter" en quelque sorte, qui lui avait été donné automatiquement et sans discrimination aucune à l'âge légal, est ainsi toujours valide. Sans reprendre des pratiques trop coercitives qui existent dans certains pays démocratiques, telles que l'obligation légale de voter, on pourrait simplement, par réalisme, tenir compte du comportement de vote du citoyen sur un certain temps et, en cas de légèreté démocratique débiter de quelques points son permis correspondant jusqu'à ce que, éventuellement, ce permis soit momentanément remis en cause et donc inutilisable sans un acte volontaire nouveau du citoyen. Ledit citoyen égaré pourrait, dans ce cas, sur simple demande de sa part auprès d'un service de la Répubique, récupérer librement son permis de voter et revenir ainsi dans la communauté désirée des citoyens libres.
Commentaires
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J'ai moi-même fait une proposition allant dans le même sens sur mon propre blog www.propositions-audacieuses.net .
Elle est même un peu plus drastique en ce sens que la radiation pour non-vote est automatique mais peut être reconquise sur simple démarche. Cela suppose, comme vous le dites, l'instauration officielle du vote blanc. Voyez la rubrique "éléctions".
Du coup je viens de vous mettre en lien sur mon propre blog ...
Ce n'est pas pour rien que je l'ai intitulé "Propositions audacieuses" et que le suffixe en est ".net"!
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L'apparent récent engouement pour les cartes d'électeur qui se manifeste dans les banlieux qui se sont mises en colère récemment semble démentir votre analyse de la situation !
Sauf, si on considère que ne sont intéressés par le vote que ceux qui veulent, en fait, se faire reconnaître et identifier aux yeux de tous, dans une France en perte de repères, comme des "citoyens libres" par oppositions ? une masse montante de "citoyens conquis" ?
A méditer...
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Il est vrai que la démocratie telle qu'on la vit aujourd'hui est bien incohérente. Comment peut-elle donner à chacun la même chance de réussir si elle ne reconnaît pas les inégalités foncières qui existent entre les individus. Comment arriver à l'égalité des chances si on suppose l'égalité des électeurs?
Les difficultés de la démocratie reposent sur des incohérences théoriques très profondes. Et c'est pourquoi je défends aussi l'idée d'un permis de voter sur www.permisdevoter.fr
Cordialement
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Pour cette fois, les citoyens français n'ont pas démérité !
Une participation record le 22 avril au premier tour de l'élection présidentielle semble indiquer que l'intérêt du permis de voter à points s'amoindrit !
Cela n'est pas pour me déplaire...
HPS
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Le fait que les électeurs aient voté en masse ne signifie pas qu'ils aient voté en bonne intelligence. L'incohérence de leur vote par rapport au référendum européen suffit à douter du caractère rationnel de ce vote.
Pour une analyse plus approfondie de cette incohérence, voir :
permisdevoter
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