On peut être tenté de se dire que les changements sociétaux de l’ère numérique dans laquelle nous entrons viendront des « jeunes générations » et cela, dans pratiquement toutes les formes de sociétés, modernes ou traditionnelles. Comme les Anciens étaient, dans la plupart d’entre elles, ceux qui pilotaient ou proposaient l’avenir de ces sociétés, le comportement qu’on y observait en général était un certain conservatisme dans les manières de faire, d’analyser le monde mais aussi dans les manières d’être : culture et tradition.
Les Anciens trouvent aujourd’hui que les « jeunes numériques » n’ont plus de manière ni de savoir-vivre. Sans doute y a-t-il là un bout de vérité ! Mais, on constate tous les jours qu’une telle posture semble maintenant bien adaptée car le « flux du savoir nouveau » a pratiquement changé de sens !
Cela devrait nous inciter à penser que la société dans son ensemble doit évoluer pour prendre en compte de plus en plus les innovations émergentes du numérique sans que cela ne veuille dire que les « valeurs humaines » éprouvées doivent être mises au panier… Elles doivent seulement être adaptées dans leur expression aux nouvelles conditions que nous imposent le numérique.
Peut-être faut-il alors nous atteler dès maintenant à redéfinir une Nouvelle Ethique Collective, mais aussi de nouvelles règles de savoir-vivre pour mieux vivre ensemble, tant sur le plan sociétal qu’économique, dans la nouvelle « société numérique » qui s’annonce.
L’histoire et la sociologie nous apprennent que de telles règles de vie ont été édictées (pas seulement celles de la Bible) et ont évolué régulièrement dans le temps depuis des millénaires et que les régions du monde différentes ont imaginé des règles différentes, qui font leur culture et sont souvent portées par des instruments, des organisations humaines, les religions...
Comme le numérique est un allié objectif de la mondialisation et de l’unification des cultures, la question reste entière de définir un « savoir-vivre numérique » valable dans toutes les régions du monde… Sinon, après la guerre militaire, puis la guerre économique, nous assisterons impuissant à la guerre numérique !
La discipline de l’Intelligence Economique aussi, pour sa part, est largement impactée par l’apparition de ce « nouveau continent, ce nouveau monde qui reste à investir et à civiliser ».
Ce monde nouveau, totalement crée par les êtres humains, ne fait pas partie du monde réel habituel mais il est extérieur et adjacent à ce « monde réel économico-technico-scientifique » et géographique.
Avec ce continent-monde, nous les êtres humains ne pouvons entrer en relation qu’au travers de médiateurs technologiques, qui sont des interprètes fabriqués par d’autres humains, des objets matériels dont la motivation, la fidélité et la transparence seront de moins en moins assurées...
L’une des grandes questions qui revient à l’ordre du jour dans ce « nouveau continent du numérique » est bien celle du couple de la vérité et de la preuve !
Si nous nous n’ouvrons pas rapidement le chantier de telles questions et si nous n’arrivons pas à convenir, ensemble, de critères éthiques reconnus et acceptés par tous, il y a de grandes chances que le futur de cette discipline échappe de plus en plus aux êtres humains qui, jusqu’alors, en étaient les inspirateurs, les moteurs, et les acteurs...
Qui se chargera d’ouvrir un tel chantier ?
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