Une menace mondiale Les attentats du 11 septembre marquent un tournant dans l’histoire du terrorisme islamiste dont on peut faire remonter les origines ? la victoire, en 1994, du « salafisme » en Algérie. La violence terroriste prend alors un nouveau visage. Nul ne conteste aujourd’hui que le terrorisme islamiste est devenu l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Les attentats antioccidentaux en 2002 se multiplient : le 11 avril ? la synagogue Ghriba ? Djerba, le 8 mai ? Karachi (Pakistan) contre un bus transportant des ingénieurs et ouvriers français, le 14 juin contre le consulat américain toujours ? Karachi, le 6 octobre contre le pétrolier français Limburg, le 26 octobre la prise d’otages dans un théâtre ? Moscou ou encore le 28 novembre contre un hôtel ? Mombassa (Kenya). Avec ces opérations, Al Qaeda (la base) et ses affidés indiquent qu’ils sont capables de frapper partout dans le monde. On assiste donc ? l’émergence d’une menace planétaire, protéiforme, où l’adversaire est particulièrement diffus mais déterminé face ? des démocraties qui sont pour la plupart mal préparées ? ce type de combat.
Les tenants de ce radicalisme idéologique de nature nihiliste, avec les responsables d’Al Qaeda au sommet, prônent le djihad – la « guerre sainte » - contre « les juifs et les croisés », mais également contre « les mécréants et les apostats », c’est-? -dire tous les dirigeants des Etats arabes et musulmans qui, ? leurs yeux, ont renié la « vraie foi ». Adeptes de l’adage « celui qui n’est pas avec moi est contre moi », et l’exemple algérien est l? pour le rappeler, ils ne manquent pas de s’attaquer aux populations civiles coupables de ne pas rejoindre le djihad. Ils n’auront de cesse de créer les conditions propices au « choc des civilisations » annoncée par Samuel Huntington. Ainsi en est-il de l’instrumentalisation et de la récupération du problème israélo-palestinien, du conflit au Cachemire indien ou encore de la situation en Tchétchénie. Actuellement, ils essayent de « capitaliser » sur le problème de l’Irak. La stratégie opérationnelle d’Al Qaeda est complexe et très souple ? la fois. D’un côté, un noyau dur constitué par Al Qaeda et les organisations qui l’ont rejoint. Cantonnées dans la zone arabo-persique, on peut leur imputer les attentats majeurs de 2002, exclusion faite de celui de Bali. D’un autre côté, une vaste mouvance islamiste aux contours flous constituée de multiples cellules et réseaux sans structure définie, polymorphe et mutante, se développant d’une manière anarchique ? l’échelle planétaire. Ces microstructures, qui ne sont pas directement liées les unes aux autres et qui ne dépendent d’aucun commandement central, partagent la même idéologie, les mêmes objectifs et ont recours aux mêmes méthodes. On assiste actuellement sur le terrain ? une évolution alarmante tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Sur le plan quantitatif d’abord. La recrudescence du recrutement djihadiste est en évolution constante aux marges des métropoles européennes, dans ces « zones grises » où vivent des populations marginalisées et pour certaines en situation irrégulière. Et la guerre en Irak n'a rien arrangé. Sur le plan qualitatif ensuite. Aujourd’hui, il ne fait plus de doute qu’Al Qaeda et ses affidés tentent d’utiliser des armes de destruction massive (ADM). Ce phénomène illustre une évolution récente ? savoir l’intrusion du Caucase dans ce jeu de la mort. La prise d’otages dans un théâtre ? Moscou a été en quelque sorte le 11 septembre des Russes. En Tchétchénie, le gouvernement élu n’a plus aucune marge de manœuvre dans son combat contre les Russes. La tendance Bassaïev qui a rejoint le mouvement djihadiste mondial l’a emporté et tente de créer un nouvel Afghanistan. Or, certains Tchétchènes, ne l’oublions pas, faisaient partie de l’Armée Rouge. Ce sont des techniciens de haut niveau dont le savoir-faire peut être efficacement mis au service de la « guerre sainte » et donc du « choc des civilisations ». Face ? la mondialisation de la menace, seule une réelle mobilisation internationale est susceptible de les contrer et surtout de les démentir.
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