Quand le G20 se réunira à Londres le 2 avril, définir une politique financière commune pour répondre à la crise sera en tête des préoccupations. Mais les appels deviennent de plus en plus nombreux pour que ces 20 pays avancés et émergeants évoquent aussi le commerce international et en particulier la nécessité de faire tout pour éviter une grande dépression version 2.0.
Or, selon la Banque mondiale, pas moins de 17 des membres du G20 ont déjà violé leur engagement solennel, pris en novembre dernier à Washington, de ne pas "élever de nouveaux obstacles à l'investissement ou le commerce de biens et de services, en imposant de nouvelles restrictions à l'exportation, ou la mise en place de mesures contraires à l’Organisation mondiale du commerce visant à stimuler les exportations." Malgré la crise – ou à cause d’elle - tarifs douaniers, mesures anti-dumping, subventions et autres actions destinées à fermer les marchés restent à la mode.
Les Américains et les Européens ne sont pas innocents à cet égard (voir fromage de Roquefort ou biodiesel). On peut néanmoins estimer que sans leadership transatlantique le G20 et autres pays ne pourront pas résister à la tentation protectionniste. Or, malgré les nouveaux centres de pouvoir économiques tels la Chine ou l’Inde, les États-Unis et l'Union européenne restent l'épine dorsale du système commercial mondial. Ils maintiennent la plus importante relation commerciale du monde, et c'est leur poids combiné qui a permis le succès des négociations au sein de l'OMC.
Le sommet entre Barack Obama et ses 27 homologues européens à Prague le 5 avril offre une occasion unique. Ils devraient proclamer un refus catégorique d’imposer toutes nouvelles mesures protectionnistes et initier deux actions supplémentaires : redoubler d’efforts pour réconcilier leurs positions respectives dans les actuelles négociations de Doha au sein de l’OMC (qui sont dans le marasme) ; et, en cas d’échec de Doha, annoncer le lancement d’une zone de libre échange transatlantique à laquelle d’autres pays du G20 pourraient se joindre au moment opportun.
Tout cela ne serait ni le Printemps de Prague ni la Révolution de Velours, mais, en temps de crise, un "Pacte de Prague" transatlantique pour favoriser le commerce international serait le bienvenu.
Commentaires
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Il n'est pas impossible que l'histoire ne s'oriente le 2 avril vers une
autre voie que celle d'un renforcement de l'axe économico-financier transatantique.
La déclaration récente de Monsieur Zhou Xiaochuan, gouverneur de
la Banque Centrale chinoise est à prendre en compte. En effet, il
déclare que la Chine s'inquiète de la valeur de réserve que
représente les 2000 milliards de US $ contenus dans ses coffres !
Les décisions de la Fed ne lui plaisent guère et l'idée de se voir
rembourser en monnaie de singe encore moins...
En synthèse, il demande l'adoption d'une nouvelle monnaie de
réserve internationale, pour remplacer le dollar, dans un système
placé sous les auspices du Fonds Monétaire International (FMI).
Est-ce là un autre retour des idées de Keynes qui proposait
l'instauration d'une monnaie
de réserve et monnaie pivot "supra nationale" ?
Oui, le G20 nous réserve en potentiel bien des surprises ...
HPS
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