L’Allemagne est, en Europe, ce que la Chine est en Asie : l’Empire du Milieu. Elle est n°1 dans la zone euro. En Europe centrale et orientale, les liens tissés avant 1914 se sont renoués au point que les industries locales font quasiment figure de sous-traitantes pour l’industrie allemande.
Les Russes eux-mêmes n’oublient pas que, jusqu’en 1914, les pipelines utilisés pour le pétrole de Bakou étaient fabriqués dans la Ruhr. Ils rêvent d’une zone de libre-échange qui relierait leur immense pays (ainsi que certaines républiques ex-soviétiques dont, évidemment, l’Ukraine) à l’Union Européenne. De cet ensemble, l’Allemagne serait le cœur. C’est comme un retour triomphal à 1913. Les foucades de Guillaume II, la défaite de 1918, l’humiliation du traité de Versailles, la déchéance d’un mark détruit par l’inflation, la séduction perverse exercée par Hitler, les horreurs du nazisme, la division du pays et le mur de Berlin, tout cela pourrait être rangé dans les manuels d’Histoire et classé dans une grande parenthèse. Signe des temps : l’homme politique le plus populaire d’Allemagne s’appelle Karl-Theodor von und zu Guttenberg. Il a 39 ans. Il est beau, il est riche et ses quartiers de noblesse bavaroise remontent au XIIème siècle. Clin d’œil de l’Histoire, son épouse, née comtesse Stéphanie Von Bismarck-Schönhausen, est l’arrière petite fille d’Otto Von Bismarck, le célèbre chancelier qui, à partir de la Prusse, a forgé l’unité allemande. Ministre de la Défense aujourd’hui, peut-être chancelier demain, pourquoi pas président de l’Europe après demain ? Il est possible que la « peopleisation » médiatique aille à la rencontre de l’Histoire.
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