[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"6771","attributes":{"class":"media-image wp-image-6402 alignleft","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"224","height":"126","alt":"7312523"}}]]Depuis les attentats de vendredi 13 novembre à Paris déferle un flot ininterrompu de débats sécuritaires. Plus de policiers, plus armés, plus de contrôles, plus de perquisitions… On s’interroge doctement sur d’éventuels terroristes glissés parmi les réfugiés alors qu’on n’a pas été capable de repérer la présence en France du terroriste star du moment. Sommet du consensus national: l’armement des polices municipales ! Sommet de la stratégie politique : l’absurde débat sur la constitution lancé par le Président de la République pour gêner l’opposition.
Certaines de ces mesures auront certainement leur efficacité. Qu’on laisse rentrer à la maison avec son arme un policier dont on a vérifié qu’il sait s’en servir et qu’il est à peu près équilibré n’est pas une atteinte à la démocratie ni aux libertés. La pauvreté de l’information et des débats sur les terroristes, leurs vies, leurs parcours, l’idéologie de leur mouvement, les méthodes d’endoctrinement est, une fois de plus stupéfiante. Quand on a dit que l’enrôlement s’est déplacé des mosquées vers internet on a tout dit. On embauchera 1000 douaniers. Et des chercheurs ? Des arabisants ? Des islamologues ? Des anthropologues ? On en recrutera combien ? Certes le problème posé par Daesh et par ces attentats n’est pas circonscrit à la France. Certes la haine de l’Occident est une question mondiale sur laquelle doivent s’interroger les pays arabes -eux mêmes victimes du terrorisme- et l’ensemble des musulmans (qu’est ce qui dans leur conception de la religion peut permettre de telles dérives ?). Mais nous en France, musulmans ou pas, que faisons-nous pour comprendre ? Les services de renseignement sont débordés parce qu’il faudrait surveiller 10 000 suspects. Attendrons-nous qu’ils soient 50 000 pour questionner la matrice d’où ils sortent ? On croit comprendre qu’ils n’étaient pas parmi les plus paumés. Que certains ont même travaillé. Que certains ne sont même pas passés par la prison. Pour autant ils ne sortaient pas des grandes écoles. Ressentaient-ils la moindre perspective d’intégration et pourquoi pas de carrière, d’ascension, de projet ? Juste avant l’horreur la Ministre de l’éducation nationale avait commencé à parler, enfin, du vrai sujet « de gauche » concernant l’éducation en France : la ségrégation scolaire. Est-ce encore d’actualité ? La guerre, pour autant qu’il soit opportun de parler de guerre, doit être aussi une guerre des idéologies. Pourquoi pas de la propagande. Radio free Europe a certainement eu sa part dans l’effondrement du bloc soviétique. La contre propagande sur internet peut certainement avoir la sienne. Mais avec quel message ? Quel idéal ? L’Iphone 36 bis ? Défendre la France où on se retrouve entre copains à la terrasse des bistrots le vendredi soir offre des perspectives sympathiques mais un peu courtes. Construire des idéaux plus forts que ceux des nihilistes est un défi qui nous concerne tous.
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Sur le même thème je vous recommande le texte de Jean-Michel Lamy sur le site du Nouvel Economiste. Titre: N'oubliez pas Gramsci
http://www.lenouveleconomiste.fr/noubliez-pas-gramsci%E2%80%89-28819/
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Entièrement d'accord avec toi Jean-Claude. Il faut aussi, et surtout, engager (ou intensifier car elle reste confinée) la bataille idéologique.
D'abord vis-à-vis de ceux qui prêchent la haine. J'ai été surpris d'entendre annoncer qu'on allait expulser les imams radicaux et dissoudre les associations qui les recrutent et leur donnent une tribune. Ce n'avait donc pas été fait après les attentats contre Charlie Hebdo ?
Et puis renforcer considérablement les programmes de "déradicalisation".
Nous avons eu, parmi les nombreux témoignages, celui de Dounia Bouzar (elle a publié en 2014 : Désamorcer l'islam radical. Ces dérives sectaires qui défigurent l’islam). Elle a mis au point un programme (mais il en existe d'autres) qui semble donner de bons résultats.
Davantage de promotion de ces programmes donnerait certainement des idées à ceux qui constatent qu'un de leur proche est en danger. De même, tous les djihadistes internés devraient suivre de tels programmes.
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Nous payons le prix de trente ans d’errements politiques et d’une insouciance toute politicienne…
Il y a longtemps que des « sachant » ont tiré la sonnette d’alarme en insistant sur la nécessité de muscler intellectuellement notre compréhension de la société française et des mutations mondiales consécutives à la chute du Mur de Berlin.
Qui les écoute dans le monde politique ? Personne ou presque.
Le temps politique est réduit au temps électoral lui-même compressé par les exigences de la Mediacratie.
Or la logique de la Mediacratie c’est uniquement la réaction pas l’anticipation ! Ceci explique cela…
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