« Tout animal a des idées puisqu'il a des sens, il combine même ses idées jusqu'à un certain point, et l'homme ne diffère à cet égard de la bête que du plus au moins. Quelques philosophes ont même avancé qu'il y a plus de différence de tel homme à tel homme que de tel homme à telle bête ; ce n'est donc pas tant l'entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l'homme que sa qualité d'agent libre.
La nature commande à tout animal, et la bête obéit. L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer, ou de résister ; et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme : car la physique explique en quelque manière le mécanisme des sens et la formation des idées ; mais dans la puissance de vouloir ou plutôt de choisir, et dans le sentiment de cette puissance, on ne trouve que des actes purement spirituels, dont on n'explique rien par les lois de la mécanique ». Ainsi s’exprimait Rousseau un gros siècle après Descartes. La différence était notable mais restait de l’ordre de la philosophie.
Depuis quelques décennies, les neurosciences ont pris le relais. Les découvertes se succèdent. Un livre récent, « L’autre moi-même. Les nouvelles cartes du cerveau de la conscience et des émotions » (par le neurobiologiste Antonio Damasio aux éditions Odile Jacob) et une récente interview de l’auteur dans Le Monde du 16 octobre montrent que la conscience elle-même est une question de degré et qu’elle se développe sous ses différentes formes tout au long de l’évolution selon un processus quasiment continu. L’Homme, c’est clair, est en haut de l’échelle puisque « sa conscience lui ouvre la voie de la culture et de la spiritualité ».
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