En France et dans plusieurs autres pays européens, les citoyens « d'en bas » font de moins en moins confiance à ceux « d'en haut » tandis que les « élites », prétendument responsables, se mettent à douter. Le cocktail peut devenir explosif.
Dans une atmosphère empoisonnée par le chômage, deux facteurs toxiques ajoutent à la confusion et semblent susceptibles de provoquer l'étincelle.
Le premier facteur aggravant est interne à chaque pays. Après avoir frappé la Grèce, l'Italie et quelques autres, il vient d'atteindre la France d'autant plus brutalement que « l'affaire Cahuzac » s'est déroulée de façon spectaculaire. La caricature du « tous pourris ! », tel qu'on l'a connue dans les années 1930, sort de son relatif oubli. Du même coup revient le refus des nuances, le rejet de toute complexité, le besoin d'un tribun exprimant des idées simples. Comme pendant l'émergence du fascisme. Le pire serait que, dans un tel contexte, les débats sérieux soient escamotés et que les « yaka » ne trouvent en face d'eux que des « bof » impuissants et d'avance résignés. La France, heureusement, est un peu protégée par des institutions qui confèrent au Président une position spéciale. Il serait dommageable de ne pas en profiter. Qu'on soit de droite ou de gauche, qu'on aime ou qu'on n'aime pas François Hollande, nul ne peut douter qu'il veuille sincèrement combattre la corruption et débusquer les conflits d'intérêt. Il s'agit donc, au moins dans un premier temps, de l'encourager à agir plutôt que de l'en dissuader.
Le deuxième facteur aggravant peut nuire à l'efficacité de toute tentative d'apaisement qui se limiterait au seul problème de la corruption. En surplomb vient l'Europe et l'avenir de la monnaie unique. Une majorité d'experts considèrent que l'euro est irréversible et que tout pays qui voudrait en sortir connaîtrait des dommages colossaux. La « vox populi » entonne un autre couplet selon lequel ce serait le maintien de l'euro qui causerait des ravages colossaux. Quand un expert cite Schumpeter et sa « destruction créatrice », le commun des mortels peut répondre qu'il voit la destruction chez lui mais constate que la création est ailleurs. D'où un dialogue qui peut tourner à l'invective et le risque d'un climat social passant de l'indignation à la révolte. Mieux vaudrait, dans de telles conditions, que tous les scénarios soient clairement débattus avec des avantages et des inconvénients clairement identifiés. Peut-être le Club peut-il y contribuer.
Commentaires
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La question est de savoir où est le "Tipping Point" !
Le tipping point est le point de basculement sociologique, point à partir duquel les choses peuvent changer, évoluer, se renverser.
Qui ou quoi va apporter l'huile nécessaire au déblocage des rouages de nos sociétés sclérosées par les lobbies et protectionnismes de tout poil ?
Faut-il continuer à en discuter ou agir ?
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