Au lieu de s’en plaindre, il faudrait se féliciter que la Russie s’enrichisse grâce au pétrole, au gaz, aux métaux et bientôt aux céréales. Ce pays a vécu la descente aux enfers de l’ex-URSS comme une défaite suivie d’humiliations. L’Allemagne des années 30 nous a montré comment un grand peuple peut réagir lorsqu’il se sent humilié et qu’il est appauvri.
Poutine est coriace mais pas fou. Ses moyens sont contestables, son cynisme évident mais, dans sa Russie, il n’y a plus de goulags et il ne viendrait à l’idée de personne d’y créer des camps d’extermination. Il est normal que cette Russie là joue un rôle éminent sur la scène internationale. Ce n’est pas de la lâcheté de le reconnaître. Ce n’est pas « munichois » de l’accepter. Les bons ne sont pas tous d’un côté et les méchants de l’autre. Au Caucase, d’ailleurs, tout le monde se comporte méchamment. Les Ossètes et les Abkhazes, soutenus par les Russes, ont persécuté les Georgiens tandis que ceux-ci, soutenus par les Américains, ont tenté d’asservir ces récalcitrants sujets de leur nation désunie. Poutine voulait la peau de Saakashvili qu’il considère comme un ennemi. Il est légitime et même indispensable que les Etats-Unis et l’Europe l’en empêchent. Le fort ne doit pas écraser le faible même si le faible n’est pas irréprochable. Ami et protégé des néo conservateurs américains, Saakashvili n’est ni un saint, ni un pur démocrate.
La difficulté va consister maintenant à créer les conditions d’un bon voisinage. Saakashvili qui, pendant des années, a injurié les Russes et la Russie doit rester en place puisqu’il a été élu. Il importe, cependant, que la Géorgie, tout comme l’Ukraine, cesse d’être un enjeu pour devenir un lien. C’est, pour l’Europe entière, un véritable défi.
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