Par-delà Arcelor

La liste des « Banques Conseil », recrutées par Arcelor d’un côté et par Mittal de l’autre, est impressionnante. Quelle que soit l’issue du combat, leurs honoraires seront faramineux. Mais qui, au bout du compte, vaincra ? Selon plusieurs experts indépendants interrogés par le Club, la balance qui, au départ, penchait du côté de Mittal, semble maintenant pencher du côté d’Arcelor.

Les analystes des « Fonds » (essentiellement américains) qui détiennent la majorité des actions Arcelor ont étudié la valeur des actions Mittal (proposées en échange) et n’ont pas été éblouis : le conglomérat indien a beaucoup de dettes ; ses profits sont en baisse ; et sa structure capitalistique, caractérisée par une cascade de holdings, laisse peu de pouvoir aux actionnaires qui ne sont pas de la famille. L’OPA lancée Mittal peut donc échouer. Cependant, même dans cette hypothèse, une double leçon devra être retenue.
Primo : le « patriotisme économique » n’aura guère contribué aux prises de décision.
Secundo : la plupart des grandes sociétés, dites françaises, sont vulnérables et le resteront longtemps. En effet, même si des fonds de pension (« à la française ») étaient vraiment créés, il leur faudrait beaucoup de temps avant d’avoir une capitalisation suffisante pour que leur volonté ait une influence réelle sur le Marché.

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Commentaires

Je crois en effet que la notion de patriotisme économique ne soit pas exactement de mise. Toute OPA est une opération financière et boursière. Elle s'appuie, au niveau des entreprises ( pas des actionnaires touristes de passage ! )sur une analyse stratégique de marché à vocation de "conquête" donc "guerrière".

C'est la loi de l'économie actuelle de marché.

L'OPA se concluera positivement si les actionnaires actuels pensent qu'en disposant dans leur portefeuille d'actions du nouveau groupe, celles-ci sont destinées à prendre de la valeur ou .... au minimum à ne pas en perdre !

Pour ce qui est des "fonds de pension", je suis assez sceptique. Le but du fond de pension n'est pas d'être un actionnaire vrai des entreprises; un fond de pension n'est pas du tout un "entrepreneur" : c'est un "financier" ce qui n'est pas la même chose !

Un "entrepreneur" ( race en voie de disparition, hélas ) va se défendre bec et ongles contre les difficultés et les mauvais vents, pour sauver son affaire, son "bébé".

Un "financier" ( comme un fond de pension ) va toujours chercher anticiper les difficultés potentielles de l'entreprise et rechercher un "gogo" à qui revendre avant la chute des cours, les titres dont il dispose.

Un fond de pension doit penser à ses clients, à ses mandants, qui ne sont pas des "entrepreneurs" mais des personnes qui utilisent les entreprises comme un "véhicule" de placement financier. Un fond de pension n'est pas du tout une société de "capital risque" ( VC en anglais, ou Venture Capital ).

Un fonds de pension est un opérateur financier qui a pour seul objet de produire du résultat financier pour le distribuer à ses clients : rentiers ou retraités.

Il ne faut donc pas se tromper d'objectif si on ne veut pas se tromper sur le résultat !

Pour traiter sur le long terme les problèmes de capital des entreprises, ce n'est pas tant de "fonds de pension" qu'il faudrait, mais de "vrais banquiers" qui soient eux aussi dotés d'un véritable esprit d'entrepreneur, qui soient pour longtemps " aux côté des entreprises ", les jours fastes et aussi les jours moins fastes, et non pas seulement dotés d'un "esprit de rentier" ou de "spéculateur ".

Mais ça c'est une autre histoire, qu'il faudrait raconter, un autre jour.

Désolé, Monsieur Soulodre. Je ne suis pas d'accord avec votre analyse du comportement des fonds de pensions américains (et, plus généralement, anglo-saxons). Ils ne visent absolument pas la spéculation dans leurs placements. Ce sont, bien au contraire, des investisseurs stables.
Ce comportement est logique, de leur part, car ce sont ces placements qui servent de garanties pour le paiement des retraites. Cela explique pourquoi ils ne jettent pas leur dévolu sur la première OPA qui se présente. Ils procèdent à des analyses fines de la situation financière des entreprises concernées et réclament un vrai pouvoir dans l'entreprise pour pérenniser celle-ci et empêcher un depeçage purement financier.

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